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NOUVEAUX MONDES

12 juillet 2013

SEMBLABLES ET DIFFERENTS

SEMBLABLES ET DIFFERENTS

par le professeur Jean Bernard de l'Académie française,

de l'Académie de Sciences et de l'Académie de Médecine

 

1)

En 1900, Karl Landsteiner, chef de travaux à la faculté de Médecine de Vienne, découvre les groupes sanguins. Le premier système de groupes sanguins s'appellera ABO. La découverte de Landsteiner permet la naissance puis l'essor de la transfusion sanguine qui, tout au long du XXè siècle, a sauvé des millions d'êtres humains. On apprend bientôt que les groupes sanguins demeurent pour une personne donnée, les mêmes de la naissance à la mort et que leur transmission familiale au long des générations obéit aux lois de l'hérédité établies en 1865 dans son couvent de Bohême par le moine morave, Grégor Mendel. Les groupes sanguins - écrit alors Karl Landsteiner - définiront un jour l'homme mieux que les empreintes digitales.

En 1939, Karl Landsteiner, émigré aux Etat-Unis, après les graves évènements qui ont accablé l'Europe Centrale, fait une deuxième grande découverte. Il isole un nouveau système de groupes sanguins, le système Rhésus. Cette deuxième découverte, comme la première, va inspirer deux progrès importants, les uns du côté de la médecine, les autres du côté de la définition de l'homme. Du côté de la médecine d'abord lorsqu'un élève de Landsteiner, Philippe Levine, montre que de très graves maladies du nouveau-né sont dues à un incompatibilité dans le système Rhésus entre la mère et l'enfant qu'elle port, à un conflit, la mère formant des anticorps anti-Rhésus qui souvent tuent l'enfant. Ces graves maladies du nouveau-né ont ainsi tour à tour décrites, comprises, traitées, prévenues. Elles vont bientôt disparaître. Elles tuaient en France en 1939, 3 à 4000 nouveaux-nés chaque année.

Du côté de la définition de l'homme. Le système de Rhésus est beaucoup plus complexe que le système ABO. Cette complexité paraît longtemps désordonnée. Elle est éclairée par les études du généticien anglais Fisher. Celui-ci n'est ni médecin ni biologiste. Il est en quelque sorte un mathématicien de la génétique. Examinant les arbres généalogiques des familles concernées, il affirme l'existence de six sous-facteurs CDE, cde. On lui fait remarquer que certaines des combinaisons des six sous-facteurs sont connues mais que de nombreuses combinaisons n'ont pas été observées. Avec le flegme de Cambridge il répond : attendez. En effet les études ultérieures de nombreuses familles confirment les prévisions de Fisher. De telles prévisions sont connues en astronomie avec Le Verrier, en chimie avec Mendeleïev. Elles sont exceptionnelles en biologie.

 

2)

Auto-satisfaction, confort intellectuel sont les conséquences de ces découvertes. On croit vers 1950 l'affaire des groupes sanguins terminée. Elle va bientôt être heureusement bouleversée par de nouvelles grandes découvertes, celles de Jean Dausset.

Jean Dausset est en 1952 médecin transfuseur attaché au Centre national de transfusion sanguine. Il observe après une transfusion de très sérieux troubles (jaunisse, urines sanglantes, douleurs lombaires) chez la jeune femme transfusée. Ces troubles rappellent les désordres qui surviennent lorsqu'il y a erreur de groupes, lorsqu'on a transfusé le sang d'un donneur incompatible. Les vérifications sont faites. Il n'y a pas eu erreur de groupes. Les groupes sanguins du donneur et de la receveuse sont les mêmes. Alors survient la découverte. Les groupes sanguins connus alors (ABO, Rhésus) concernaient les seuls globules rouges. Jean Dausset postule l'existence de groupes de globules blancs. Il émet l'hypothèse qu'une incompatibilité dans ces groupes de globules blancs est responsable des accidents observés. Cette hypothèse est bientôt confirmée par les recherches biologiques. Un nouveau système de groupes sanguins est décrit. Il s'appellera HLA. Les médecins du passé parlaient grec ou latin (Molière les a assez moqués pour cela). Les médecins de notre temps parlent anglais et cette grande découverte française est illustrée par des initiales anglo-saxonnes. HLA veut dire Human Leucocytes Antigens. Antigènes des globules blancs de l'homme. Les globules rouges sont des sacs d'hémoglobine. Les globules blancs sont des cellules complètes avec noyau, protoplasme, membrane. Ce qui est vrai pour les globules blancs est vrai pour les celules de nos tissus, de nos organes, et bientôt pour le système HLA on parlera de groupes tissulaires et non plus de groupes sanguins. La découverte de Jean Dausset a pour la médecine deux conséquences heureuses. Elle va permettre les greffes, les transplantations d'organes. Par ses travaux poursuivis à l'Institut de recherches sur les maladies que je dirigeais alors à l'hôpital Saint-Louis, Jean Dausset montre que le succès des greffes d'organes dépend de la compatibilité entre donneur et receveur dans le système HLA. Les greffes de moelle osseuse, les greffes de rein, vont grâce à cette découverte sauver de nombreux malades gravement atteints.

Deuxième conséquence médicale, la naissance d'une médecine de prédiction. L'appartenance à tel ou tel sous-groupe du système HLA représente la prédisposition à certaines maladies. Ainsi très bientôt pour le diabète, certains rhumatismes. De fortes recherches sont en cours. Tout permet d'espérer que la médecine du XXIè siècle sera pour une large part une médecine de prédiction et donc souvent de prévention avec la diminution du malheur. La diminution aussi des soucis économiques que donne aujourd'hui la médecine. Il est moins coûteux de prévenir un diabète que de le traiter.

Le système HLA est - on l'apprend bientôt - beaucoup plus complexe que les systèmes antérieurement connus. On compte actuellement environ 600 millions de combinaison de ce système. Si à ces 600 millions on ajoute les autres groupes (ABO, Rhésus, etc..) on arrive à des milliards et des milliards et à la définition précise de chaque homme. Depuis qu'il y a des hommes et tant qu'il y en aura (et réserve fait des jumeaux vrais) il ne s'en est jamais trouvé, il ne s'en trouvera jamais deux pareils. Chaque homme est un être unique, irremplaçable, différent de tous les autres.

Je suis invité à exposer ces découvertes au Vatican devant un auditoire de cardinaux et de chefs d'ordres religieux. Intervenant dans la discussion qui suit la conférence, un éminent cardinal me dit : "cher docteur, vous annoncez que la biologie démontre que chaque homme est un être unique. Mais nous, théologiens, il y a très longtemps que nous le savions". Je répondis respectueusement au cardinal qu'il n'était pas indifférent d'en apporter la preuve biologique.

 

3)

L'anthropologie classique, celle de Broca, mettait au premier rang les formes et les couleurs, la forme du nez ou du visage, la couleur de la peau. Nous savons aujourd'hui que les groupes sanguins, bien mieux que formes et couleurs, sont les expressions fidèles de nos gènes. Les Aïnous, habitants de l'ile d'Hokkaïdo au nord du Japon, découverts par la Pérouse en 1787, ont la peau blanche. Mais leurs groupe sangins sont très différents de ceux des Européens, très proches de ceux des Mongols.

Les groupes sanguins,les groupes tissulaires sont devenus pour les anthropologues des précieux instruments de travail. Ainsi leur étude a permis de démontrer l'origine asiatique des Indiens d'Amérique, des Peaux Rouges.

Entre les hommes il n'y a pas inégalités mais différences. Tel caractère sanguin désavantageux ici est avantageux là. Une anomalie de l'hémoglobine est fréquente en Afrique. Ell peut, héritée des deux parents, être très dangereuse. Elle protège du paludisme ceux qui la portent.

De l'étude des groupes sanguins, on est récemment passé à l'étude de ces gènes, plus particulièrement l'étude de leurs constituants, les acides nucléiques prélevés sur un fragment de peau. Un goutte de sang, une goutte de sperme peut permettre, ou plus exactement pourra bientôt permettre, d'identifier très sûrement une victime, un assassin. Dès maintenant l'analyse des groupes sanguins, des groupes tissulaires permet non plus seulement d'exclure comme dans le passé, mais d'affirmer un paternité. Avec de très émouvantes questions lorsque s'opposent parternité biologique et parternité affective.

 

4)

A nouveau pour la définition de l'homme, confort intellectuel après les découvertes de Dausset. Ce confort va, pour moi, être troublé lors d'un voyage au Caire. Une équipe canadienne étudie alors la momie du tisserand Nakcht contemporain de Ramsès II. Les canadiens font trois constatations. Ils reconnaissent la maladie qui a emporté le tisserand, une bilharzioze, parasitose fréquente encore aujourd'hui dans le delta du Nil. On reproche parfois aux médecins un diagnostic tardif. Ici le retard est de trente-trois siècles. En deuxième lieu, les Canadiens isolent les globules rouges de Nakcht qui ont la forme de disques biconcaves des globuels rouges de nos contemporains. Enfin ils montrent que le tisserand Nakcht appartenait au groupe sanguin B. D'où mon trouble. Le tisserand Nakcht était sérieusement mort, mort depuis trois mille trois cents ans. Les groupes sanguins tissulaires définissent aussi bien l'homme mort que l'homme vivant. Mais c'est l'homme vivant qu'aussi nous cherchons à définir. D'autres voies doivent être explorées. Quelques témoins peuvent être consultés.

 

5)

Premier témoin, Vercors. La nature de Tropis, héros de son beau roman, les animaux dénaturés, est incertaine. Un soir, un explorateur les surprend, célébrant un culte à la mémoire d'un des leurs qui vient de mourir. Ils ont une religion, ce sont des hommes.

Deuxième témoin, Jean Hamburger. Il relate l'histoire dramatique d'une jeune malade que l'on croit encore vivante parce que son coeur ba et que ses poumons respirent. Mais son cerveau est mort. Elle est morte. On sait aujourd'hui que la mort est définie par la mort du cerveau.

Troisième témoin, François Jacob. L'homme, écrit-il, est défini par son aptitude à apprendre.

Les témoignages sont concordants. A côté de la première définition par les groupes sanguins apparaît une deuxième définition. L'homme vivant est défini par son cerveau. Définition connue depuis longtemps par les philosophes, par le Cogito de Descartes, par le Maître Cerveau sur son homme perché de Paul Valéry.

 

6)

Comment dès lors unir les deux définitions ? Comment confronter, rapprocher les sang et le cerveau ? Des relations simples sont bien connues, la diminution de l'activité du cerveau, insuffisamment irrigué, des maladies anémiques, l'existence dans le cerveau de centres gouvernant l'état de certains constituants du sang, tel celui découvert par Claude Bernard qui règle le taux du sucre sanguin.

Ces données importantes certes, n'apportent pas la solution. L'extrême complexité du cerveau humain doit à la fois être prise en compte et justement appréciée. Deux apologues peuvent être ici utiles.

Premier apologue: Faust autrefois vendait son âme en totalité au diable. Il peut la vendre aujourd'hui au détail, neurone par neurone, synapse par synapse.
Après un long marchandage, un accord est obtenu. Le diable paiera un franc par neurone, un franc par synapse. Le diable croit avoir fait une bonne affaire. Il a tort. La somme qu'il va verser à Faust est égale à la totalité des impôts payés par l'ensemble des Français pendant cinq siècles.

Deuxième apologue : Pierre est amoureux de Jeanne. Jeanne après une série d'accidents et de maladies doit subir de nombreuses greffes et transplatations. Une de ses jambes, un rein, son coeur sont remplacés par une jambe, un rein, un coeur étranger. Pierre est-il toujours amoureux ? Oui dit-on tant que Jeanne garde son cerveau. Mais voici qu'après une nouvelle maladie, une greffe de cellules nerveuses est décidée. Combien de millions, de centaines de millions de cellules nerveuses peut-on greffer sans altérer l'amour de Pierre ? Un grand poète consulté n'a pas accepté cette présentation du problème. Pierre dit-il est amoureux de l'image de Jeanne et toutes vos greffes n'y changeront rien.

 

7)

On compte d'un côté quelques centairens de milliers de gènes, d'un autre côté des milliards et des milliards de neurones et de synapses. Jean-Pierre Changeux a montré qu'au moins dans certaines espèces animales, des jumeaux vrais, c'est-à-dire des êtres génétiquement identiques, peuvent avoir des cerveaux différents. Il a proposé le terme excellent d'enveloppe génétique pour désigner les limites de ces territoires gouvernés par les gènes de l'intérieur desquels de grandes variations sont possibles. C'est peut être une nouvelle façon de poser le classique problème de la liberté et du déterminisme. Notre cerveau est libre entre certaines limites fixées par la génétique.

De très éminents neuro-biologistes, J.D.Vincent en France, Edelman aux Etats-Unis ont écrit, le premier une biologie des passions, le deuxième une biologie de la conscience. Peut-on imaginer une biologie de la conscience, de cette aptitude à créer qui, me semble-t-il, est la plus importante de toutes les vertus qui définissent l'homme, qui définissent chaque homme, qui distinguent l'homme de l'animal. Aucun animal n'a écrit Hamlet. Aucun animal n'a peint la Joconde.

 

8)

Comme l'a bien montré François Gros, la génétique du système nerveux, la science qui nous permettrait de mieux définir l'homme, est encore balbutiante. La neuro-biologie a beaucoup progressé mais est bien loin d'avoir atteint ses objectifs. Trois hypothèses peuvent être proposées.

La première hypothèse est appelée réductionniste. Les remarquables progrès de la biologie moléculaire, de la génétique moléculaire, les méthodes non moins remarquables mises au point par les neuro-biologistes contemporains vont permettre de nouveaux développements.

Déjà chez la souris ont été isolées des substances chimiques appelées peptides responsables celui-ci de l'amour maternel, celui-là du désir amoureux, cet autre de la satiété après l'amour. Ces chercheurs ne pensent plus comme leurs prédécesseurs du début du siècle trouver un jour l'âme à la pointe de leur scalpel. Mais ils espèrent dans un avenir pas trop éloigné apporter des réponses précises aux questions que nous posent encore la biologie de la connaissance, la biologie de la consciences, la biologie de la création.

Les tenants de la deuxième hypothèse, tout en soulignant l'importance des progrès survenus, s'interrogent sur leus limites. Ils font remarquer que pour leur plus grande part les résultat obtenus concernent l'animal. Or, c'est justement par son cerveau que l'homme se distingue de l'animal. Ils estiment que de nouveaux concepts sont nécessaires. Ils rappellent les révolutions apportées au XIXè siècle par les travaux de Pasteru refusant la génération spontanée et créant la sciences des microbes, par les travaux de Claude Bernard refusant le vitalisme et créant la physiologie moderne. Les questions fondamentales que pose le cerveau de l'homme ne seront réolues que par l'imagination, la réflexion au XXIè siècle d'un homme de génie de même stature apportant des concepts neufs, ouvrant des voies neuves.

La troisième hypothèse a été développée (avec des arguments fort différents) par deux hommes très éminents que tout sépare, Jean Guitton, Jacques Monod.

Jean Guitton estime que la pestion posée échappe à l'homme et appartient à Dieu? Il nous recommande une attitude heureusement exprimées d'espérance évolutive en attendant la veur de la révélation.

Jacques Monod rappelle les lois de la logique. La logique ne permet pas d'être à la fois sujet et objet. Le cerveau de l'homme ne peut chercher à définir le cerveau de l'homme.

 

9)

Les poètes bien avant les bilogiste et depuis longtemps (il suffit d'évoquer les Tragiques grecs) ont su que le sang définissait l'homme. Ils ont bien souvent aussi été émus par les relations existant entre l'âme et le sang. Tel Scève dans la Délie :

Où l'âme libre en grand seunté vivait

Alors le sang qui d'elle charge avait

Les membres laisse et fuit au profond puits

Voulant cacher le feu que chacun voie

Lequel je couve et celer je ne puis.

 

Il ne saurait être question ici de tenter de résoudre un problème éternel. Il est plus important de souligner l'importance des progrès accomplis par la biologie pendant les cinquante dernières années. Dans un temps où la médecine allait devenir grégaire, voici qu'est affirmé par la biologie unique de chaque être humain. Chaque être humain est unique, différent de tous les autres. Il doit être traité, respecté en fonction de ce caractère unique. Ce concept, plus exactement ce fait va inspirer toute la médecine du XXIè siècle. Il pourrait aussi définir, en dehors de la médecine, certaines orientations des sociétés humaines.

 

 

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12 juillet 2013

VIE PENITENTIAIRE ET MARGINALITE

VIE PENITENTIAIRE ET MARGINALITE

 

On connaît l'importance que nous attachons à la Justice pour tenter de la rendre enfin humaine, et dès lors aux problèmes liés à l'incarcération.

Le Pasteur Jean HOIBIAN a consacré toute sa vie à la défense des plus malheureux. Voici, révélé en ce 14 juillet 2013 de parades et de flonflons le rapport qu'il confiait à Denis CLAIR en mai 1994.

 

Les médias n'évoquent les prisons que lorsque les habitants de ces "Cités étranges" se révoltent et montent sur les toits - ou bien lorsque les surveillants revendiquent comme ces temps-ci. On trouve aussi parfois quelques lignes dans certains journaux, relatives à un suicide ou à une mort suspecte. Le reste du temps, c'est le grand silence. Cette population marginalisée et méprisée par l'opinion publique disparaît dans l'oubli.

On laisse à l'Administration pénitentiaire le soin de "surveiller et de punir".

Actuellement la situation est mauvaise.

On vit sur une corde raide du fait de la surpopulation carcérale. Ce sont surtout les maisons d'arrêt qui sont concernées ; certaines présentent un taux d'occupation de 300% avec un pourcentage de détentions provisoires (personnes attendant leur jugement) de l'odre de 50 %. Le garde des Sceaux du gouvernement Chirac (Albin Chalendon) a mis en route un programme de construction de 15000 places dont il voulait confier la gestion à des entreprises privées. Cette décision aberrante a été combattue par la gauche. Pierre Arpaillange a mis en doute dès son arrivée Place Vendôme l'utilité de ce programme ; rappelant qu'à titre personnel, il était "réservé" face à la privatisation des fonctions qui relèvent de l'autorité de l'Etat, Pierre Arpaillange a estimé "qu'il peut paraître choquant, s'agissant de la construction de ces quinze mille places, d'évoquer avec une apparente exclusivité la seule augmentation de la population pénale. Une bonne démarche consiste à réexaminer la pertinence de ce programme au regard d'une politique criminelle cohérente. On ne peut pas privilégier un seul secteur et éliminer les peines substitutives, telles que les milieu ouvert, dont l'efficacité a été démontrée".

La surpopulation des maison d'arrêt n'est pas la seule cause de l'agitation inquiétante. Le mécontentement se manifeste aussi dans les établissements de peine (centres de détention et maisons centrales). Là il ne s'agit pas de manque de places mais de revendications relatives à l'absence de concertation entre personnel de surveillance et personnes détenues. Par ailleurs, on réclame une augmentation des permissions de sortir et des libérations conditionnelles.

 

FAUT-IL PARLER DES PRISONS ?

Nous pensons que oui. Une démocratie doit avoir une justice contrôlable par l'ensemble des citoyens. La finalité n'est pas d'écraser le délinquant mais de la sanctionner afin qu'il prenne conscience de la nécessité de respecter la loi valable (en principe) pour tous. On commence seulement en France à comprendre l'inadaptation de la sanction-prison. Mais il faut équilibrer notre regard. Tout en recherchant de nouvelles sanctions, il faut garder le souci de transformer la prison, mal nécessaire, afin qu'elle ne détruise pas ceux qu'elle a la prétention d'éduquer.

Robert Badinter a tenté de faire réfléchir la nation toute entière sur les causes multiples de la délinquance, sur l'échecde la privation systématique de la liberté et sur la priorité à accorder à la prévention. Il a été le porte-voix médiatique de tous ceux qui s'intéressant de près aux problèmes carcéraux savent que les responsabilités sont partagées. Une étude lucide de notre société de consommation/gaspillage fait apparaître l'impossibilité pour certaines couches de population marginalisées économiquement et socialement, d'échapper à l'engrenage de la délinquance.

 

JUSTICE ET MARGINALITES

Les statistiques pénitentiaires font apparaître que certaines couches sociales fournissent la majorité de la population pénale. Peut-on se permettre de conclure à la délinquance dominante des milieux populaires ? Assurément pas. Une société injuste ne peut produire une justice équitable. Qu'on le veuille ou non il y a une justice de classe, non du fait d'un parti pris des magistrats, mais parce que le système social tend des pièges. Selon l'éducation reçue ou l'adaptation à la vie collective on évite les pièges de la délinquance vulgaire et donc la prison. Au contraire les gens emprisonnés constituent une population à risque. Ces "enfants du malheur" marginalisés cruellement dès leur naissance retournent perpétuellement en prison et on ne les aide guère à s'insérer socialement à leur sortie.

Il est donc du devoir de tout démocrate d'agir pour une prise en charge de cette population prédestinée à des attitudes asociales et délictueuses. Un immense programme doit être développé protégeant l'enfance, adaptant la scolarité, orientant l'adolescence, supprimant l'urbanisme criminogène, réduisant l'inégalité sociale. C'est le prix à payer pour obtenir une diminution de la délinquance et de la criminalité.

 

11 juillet 2013

DE LA TRISTESSE A LA FIERTE

 

DE LA TRISTESSE A LA FIERTE

 

Le 12 juillet 2013. Je voudrais que des amis UMP m'expriment comment leurs convictions peut se transformer en idolâtrie et que des amis du PS m'expliquent comment leurs convictions se transforment en amnésie.

Il n'y a aucune agressivité dans mes questions. Vraiment, j'ai besoin de comprendre et seulement de cela. Je ne suis qu'un voyageur en quête de compagnie. Que les réponses soient aussi paisibles que ce qui m'anime, je les en supplie.

Mes questions sont seulement inspirées par ce qui est parvenu à la connaissance de tous les citoyens.

Le Comité des comptes électoraux a déclaré, sur pièces, que la campagne des Présidentielles de Nicolas SARKOZY avait donné lieu à des infractions. J'ai bien dit : infractions. Puis le Conseil Constitutionnel, composé en majorité de pesonnalités de droite, a invalidé ces comptes. Et son Parti a continué à dilapider son budget fourni, pour une grande part, par les contribuables, même ceux qui sont opposés à l'UMP, notamment pour organiser un de ces meetings à la gloire d'un pouvoir personnel, comme on en voit dans les pays totalitaires. Il ne s'agissait plus de défendre des idées mais d'acclamer un nom sans désemparer. Et voici que celui qui avait mis à mal la caisse de son Parti en devenait le sauveur suprême.

Un bel exercice de passe-passe. C'est tout juste si des journalistes ont entendu à la sortie François FILLON maugréer : "c'était du catéchisme". Repris par une chaîne d'information continue.

 

François HOLLANDE a été élu à la suite de promesses formelles. Nous avons tous en mémoire le chapelet des "...c'est maintenant". Le Président est assez cultivé pour connaître la signification des mots. "Maintenant", ce n'est pas dans deux, trois ou quatre ans mais immédiatement. Combien de "Maintenant" se sont réalisés après une année d'exercice et, quasiment avec les pleins pouvoirs acquis par une majorité assurée à l'Assemblée Nationale et au Sénat ?

Il était de bonne guerre de rappeler le bilan du prédécesseur et de mentionner la situation financière, à tout le moins difficile après son départ. Mais les anathèmes ne peuvent suffire à justifier sa propre insuffisance ou ses défaillances. Le Président a tenu à se réclamer de grands changements mais ne coûtant rien, ou un peu de flatterie auprès de ses parlementaires : ainsi pour le Mariage pour tous, ainsi pour le mandat électif unique. Mais François HOLLANDE a trouvé des fonds à sa disposition, même obérés par ses prédécesseurs. Qu'il nous dise clairement ce qu'il en a fait et ce qu'il propose d'en faire. La Démocratie c'est au moins cela.

Par la même occasion peut-être pourrait-il nous dire s'il ne lui apparaît pas raisonnable d'effectuer des économies en interne. Par exemple, en supprimant le Ministère de la francophonie dont la seule préoccupation a été de placer le joli minois de sa Ministre dans les magazines .

Dans le même temps le Président HOLLANDE pourrait réveiller certains Ministres en léthargie ; décorer et libérer de leur charge ceux qui font double emploi et surtout offrir de longues vacances à ceux dont l'incapacité ne peut que provoquer la dérision de ses opposants. C'est ainsi que nous avons, avec Madame DELAUNAY, la Ministre chargée des Personnes Agées, la plus minable et inactive à ce poste depuis le début de la Vème République. Par chance, c'est une des plus grosses fortunes de France et elle ne souffrir du chômage.

 

Ceux, tous ceux que ja viens d'évoquer en ont plein la bouche avec leurs "valeurs". A la sortie du meeting pro-SARKOZY on a entendu des dévotes clamer à l'unisson : "c'est le seul à défendre nos valeurs !" mais quand on les pressait d'indiquer ces valeurs, on entrait dans un océan de béatitude intemporelle. Un propagandiste-maison parvenait pourtant à se frayer un chemin vers la caméra pour clamer les mots "effort", "travail" et autres valeurs" ressassées par ceux qui ne les pratiquent pas.


Autour de François HOLLANDE, les valeurs proclamées ne sont pas plus réjouissantes. Il n'est plus question de "rêver" comme on l'annonçait lors de la campagne électorale, mais de rigueur et de patience...

 

Et pourtant je ne vois pas une France à reconstruire sans la participation de François HOLLANDE et de Nicolas SARKOZY dont les qualités sont indéniables, et de leur entourage. C'est bien là le drame de notre époque qui ne permet pas d'éviter les anathèmes et les antagonismes.

 

Il est au moins un grand homme comblé ces jours-ci : le Général Gouverneur militaire de Paris. Il n'a qu'une obligation, qu'un devoir, qu'un travail tout au long de l'année : faire sortir son uniforme de la naphtaline à l'approche du 14 juillet, le faire reluire, puis, une matinée de bonne heure, faire répéter quelques trouffions encore ensommeillés pour les transformer en petits rats de l'Opéra, en ballet russe et, pour les plus talentueux, en danseuses du Lido ; au jour béni, admirer son travail, parcourir avec fierté les Champs-Elysées aux côtés du Président de la République, et, après ce spectacle hélas fugitif, recevoir ses félicitations empressées. Eblouie devant sa télé, la famille du vaillant et infatigable Général, devra attendre un an pour qu'il reprenne quelque activité et retrouve sa gloire.

Quand je vous disais que tous les espoirs nous sont permis...

 

Denis CLAIR

 

Nous rappelons à nos lecteurs que leurs réflexions sont les bienvenues à l'adresse postale suivante : Nouveaux Mondes - Les Cahiers de la Quinzaine - Denis CLAIR - B.P. 46 - 93163 Noisy le Grand Cédex.

 

 

 

9 juillet 2013

QUE LES FUTURS ASSASSINES COMMENCENT

                                                         EXCLUSIF      ---             INEDIT

 

QUE LES FUTURS ASSASSINES COMMENCENT !

par

HERVE BAZIN

 

La Palice définit : "La violence est un abus de la force". Tout le monde l'approuve, je suppose. Mais La Palice continue :"La non-violence est un abus de la faiblesse". Je ne plaisante nullement : cette opinion inconsciente est celle du plus grand nombre. Le mot force et le mot violence sont devenus tellement synonymes que les grands politiques du café du commerce fronceront les sourcils quand vous rectifierez : la non-violence est seulement le non-abus de la force. Mais d'une certaine force. D'une qualité humaine de la force.

- Je vous entends, Monsieur, recanera un capitaine en retraite. Mais vous n'inventez rien. Aucun peuple n'aime la force pour elle-même. On n'aime la force que... par force. Uti, non abuti, telle est la devise du bon patriote. Ou encore : montrer sa force pour ne pas avoir à s'en servir. Ne sommes-nous pas d'accord ?

En aucune façon. J'admets que l'Européen moyen, aussi sérieux que mobilisable, soit parfaitement sincère en me cornant dans les oreilles cet aphorisme qui sert de paravent aux pires politiques et fait la fortune des budgets militaires. Remarquons pourtant que la force dont il s'agit est la force armée. Remarquons aussi que "montrer cette force", c'est provoquer une compensation compensatrice, fonder la paix sur cet équilibre (toujours instable) des forces. Non pas la guerre, d'ailleurs, mais la non-guerre (ou guerre froide). Non pas la paix, mais sa paix. Ainsi conçue, la force est déjà chantage, bluff, course à la puissance. Elle est préface d'agression, car toute force est mouvement : l'Histoire nous l'affirme au moins autant que la physique. En somme, cette force est tout bonnement violente au repos ; "Montrer sa force pour ne pas avoir à s'en servir...." formule hypocrite !

Traduisons : tirer de sa force un argument pour faire l'économie d'une plus coûteuse violence. En tout état de cause et même si cette force ne doit vraiment jamais être déployée, elle n'en est pas moins employée : elle arrive à ses fins, par l'énormité de sa menace (Hitler et la Tchécoslovaquie), par la violence morale.

Nous estimons que le non-abus de la force se confondra pratiquement avec le non-usage, tant que cette forme restera à la disposition des nations. Aucune loi ne permet à l'individu de "se faire justice "soi-même" : elle proclame au contraire que la collectivité à seule le droit et le devoir de la - 2 -

rendre. Or, les nations ne sont pas autre chose que des personnes morales, des individualités dans la collectivité internationale. Le problème de la liberté et de ses limites devient ici celui de la souveraineté, liberté des peuples. Les révolutions démocratiques, faites pour résoudre le premier problème, ont toutes abouti à des constitutions, à des codes, c'est-à-dire à l'organisation (fort imparfaite au demeurant) du principe de non-violence intérieure. Mais pour les gouvernements, ces féodaux sans suzerain, cette violence n'est pas un article d'exportation : son accession sur le plan international exige une dernière révolution, conséquence et complément des autres réalisations véritables de cette démocratie des nations que réclament les postillons oratoires de l'ONU avec plus d'éloquence que de sincérité.

- Bien, reprend mon honorable contradicteur, mais toutes les révolutions sont rudes, voire sanglantes. L'égalité des citoyens n'a été conquise sur les féodaux que grâce à leur destruction. L'égalité des peuples ne sera obtenue que par la destruction des impérialismes. La non-violence ne peut pratiquement s'établir qu'en recourant -au moins une fois- à la violence. Elle n'est qu'un éta d'âme pour vous et un but pour l'humanité. Si vous la considérez comme un moyen d'arriver à son but, vous êtes des petits marrants.

L'objection paraît grosse : c'est bien ici la pierre d'achoppement, c'est bien ici que les agents voyers du conformisme peuvent planter l'écriteau : "Attention ! Utopie. Kilomètre zéro". Pour s'imposer, les partisans de la non-violence ont-ils des armes ? Des armes telles quelles puissent un jour surclasser celles des violents ?...

Je ne sais plus qui disait :"On a toujours les armes de l'adversaire, il suffit qu'elle lui tombent des mains". Si l'on admet que la SDN, puis l'ONU, se sont fondées à la suite de deux guerres et ne sont en fait que leur imparfaite mais non négligeable conclusion, il faut que la non-violence peut sortir de la violence même par dégoût ou par épouvante. Il y a une satiété de la destruction comme il y a une satiété de la passion. La paix universelle peut aussi s'établir d'une manière très simple : par la réalisation des objectifs mondiaux d'une seule puissance. Ce serait alors la paix de la catastrophe, la paix à sens unique, imposée par le suprême triomphateur. On entendait dire couramment :"il n'y a plus que deux super-puissances. Que l'une élimine l'autre ! C'est la seule façon d'en finir". Le raisonnement est atroce, mais n'est pas sans valeur. La Chine a toujours absorbé ses conquérants. Le monde, cette plus grande Chine, absorberait sans doute le sien assez rapidement au prix de terribles souffrance. Il est même bien possible que l'Histoire en décide ainsi. C'est une éventualité - la pire - qui ne doit pas nous décourager. D'abord parce qu'elle n'est pas fatale. Ensuite parce que, - 3 -

dans l'instant, notre propagande mime la mauvaise conscience du vainqueur éventuel, enfin parce que tout ce que nous aurons dit ou fait en faveur de la non-violence aura quelque chance de la convaincre le jour où la violence sera devenue sans objet. On ne peut plus guère en douter, ce monde sera unifié, sera définitivement pacifié. Par la mort ou par la vie.

Excusez-nous de préférer le second terme. Je ne soutiens pas que la non-violence soit le moyen le plus probable qu'ait l'intention d'employer cette sacrée garce de sottise humaine (au moins égale à notre génie), mais qu'elle est certainement la plus économique. Outre la préservation du capital-biens, elle nous assurerait une civilisation finale infiniment plus riche, puisque obtenue par fusion et non par élimination. La démonstration de ces avantages n'est pas à faire, le colonel le plus obtus en convient. Où tout se gâte, c'est dès que les non-violents sont mis au pied du mur et qu'on les prie - ironiquement - d'annoncer leurs atouts.

Nous n'en avons qu'un, à mon sens, mais l'histoire nous enseigne son immense portée : il s'appelle le refus. Le christianisme (qui n'est devenu violent que le jour où, victorieux, il s'est laissé annexer par le pouvoir) s'est imposé après quatre siècles de persécutions par la seule non-violence, par le refus de sacrifier aux idoles. (Remarquez qu'elles ne représentaient plus rien, non seulement pour les chrétiens, mais pour le scepticisme général). Ce détail est très important : il faut une ambiance favorable, qui fasse du refus un thème collectif. C'est le cas pour le pacifisme, actuellement. Le christianisme est la démonstration éclatante de fait qu'une idée peut s'imposer au monde par sa seule force. La propagation du bouddhisme et du taoïsme, également. La survivance du judaïsme, malgrè les persécutions, est un autre exemple satisfaisant "Israël, sois un refus constant parmi les nations"

Je n'ai pas besoin de citer Gandhi à mon tour : sa campagne de désobéissance non-violente a sapé la domination anglaise aux Indes en leur conservant l'unité qu'elles ont perdue depuis l'emploi de la violence. Mais regardons chez nous : qui oserait nier l'extraordinaire puissance, acquise en un siècle, par ce refus organisé qui s'appelle la grève ? Le syndicalisme nous montre la voie. De l'action passive (obéissance du mobilisé qui va au casse-pipe à contre-coeur) il faudrait passer en masse à l'inaction active de l'objecteur et produire sur le plan militaire la même paralysie générale que produit la grève sur le plan économique. Voilà pourquoi, soit dit en passant, la reconnaissance officielle de l'objection de conscience a une telle importance. Mais voilà aussi pourquoi certains gouvernements hésitent si fort à l'admettre. Même s'ils n'ont pas de butsinavouables, ils craignent - avec quelque raison - qu'un refus de la violence mette leurs sujets en état d'infériorité à l'égard de voisins moins évolués. C'est un corollaire du

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slogan bien connu : on ne désarme pas unilatéralement.

Nous n'en sortirons pas, direz-vous. Est-ce si sûr ? La plus exigeante prudence peut trouver un biais, à condition de faire bon marché, d'une certaine susceptibilité de la souveraineté, dont l'interdépendance économique des peuples et le mondialisme des conflits soulignent assez le caractère périmé. Que toute nation, pacifiste, mais inquiète, mette son armée à la disposition de la collectivité internationale, en spécifiant que provisoirement cette armée ne quittera pas le territoire national. Le geste est mince, bien incomplet, mais il aurait une immense portée morale, un prodigieux effet de choc. Si la France ou même la Belgique, dont les divisions seraient balayées en quinze jours et sont de ce fait rigoureusement inutiles, donnait cette leçon au monde, je gage que trente nations se disputeraient l'honneur et l'avantage d'agréger autour de cet embryon de police internationale des forces aujourd'hui dispersées. A défaut de nous, ne se trouvera-t-il pas une nation faible pour se rendre compte de la garantie morale qu'elle s'assurerait en se proclamant non plus pays neutre (tous les neutres ont une armée), mais province des Etats-Unis du Monde ? Même s'il ne s'agissait que du ichtenstein ou du Guatemala, cette décision mettrait l'ONU au pied du mur, car elle ne pourrait y répondre par la négative sans perdre la face... A ceux qui me réserveraient l'épithète de fantaisiste, je rappelle qu'il existe déjà des territoires internationaux, définis comme tels, mais sous la contrainte des traités.

"Que messieurs les assassins commencent..." disent les argousins, relayés par les politiciens, ces objecteurs d'inconscience. Non ! Que les futurs assassinés commencent... La non-violence n'est pas démission, mais mission.

5 juillet 2013

DEVOIRS DE VACANCES

DEVOIRS DE VACANCES

N'ayant pas pris de vacances durant un demi-siècle je me suis accordé quelques heures de congé. 

N'ayant jamais très bien compris qu'un homme puisse avoir pour vocation activité et gagne-pain de déployer son talent pour faire condamner d'autres hommes, je me suis mis dans sa peau en me faisant mon cinéma. J'ai trouvé un vieux manteau rougeâtre et me suis proccuré aux Puces une sorte d'hermine impressionnante. Il ne me restait plus qu'à fixer sur mon col quelques médailles éclatantes.

 Il ne me manquait plus que des inculpés désormais affublés, on ne sait pourquoi, du nom de mis en examen. J'ai pris quelques noms au hasard dans l'annuaire du téléphone ou l'annuaire gastronomique ou le bottin mondain, je ne sais plus exactement, et j'ai piqué au hasard les noms de SARKOZY Nicolas, HOLLANDE François, AYRAULT Jean-Marc, FILLON François et quelques autres ausi peu connus. Je me suis lancé dans une grande tirade les accusant de tous les maux mais pour constater très vite mon incompétence en la matière.

 J'ai donc changé d'apparence et abandonné ce fatras vestimentaire pour une humble robe noire d'avocat et je suis aisément arrivé à trouver des explications ou des excuses à ces malheureux défilant devant moi. 

L'ironie éteinte j'en retire la conviction que nos hommes politiques quelle que soit leur appartenance, ne sont ni plus mauvais ni meilleurs que ceux qui les élisent et que leur remplacement ne donnerait pas nécessairement accès à plus de morale. 

Encore faut-il ne pas tricher et défendre ses convictions, son bilan ou ses projets avec objectivité. 

Quand Henri GUENO, blessé d'avoir si mal imité Malraux, présente une succession d'erreurs commises par Nicolas SARKOZY comme un chapelet de malédictions et d'attaques fignolées par ses adversaires opiniâtres en ajoutant fièrement : "Et vous croyez que cela ne suffit pas !" ou quand François HOLLANDE fait une homélie interminable sans qu'on puisse y déceler ses intensions véritables et le chemin qu'il nous demande de parcourir avec lui, ce n'est pas la meilleure manière d'honorer la politique qui devrait être selon Aristote "créer l'amitié entre les membres de la cité". 

Je n'en avais pas terminé avec mes périgrinations estivales. Ayant le privilège de vivre dans un cadre très modeste, j'ai recueilli les réactions de plusieurs voisins après des débats vus comme moi à la télévision et j'ai été frappé par le fait qu'ils étaient sensibilisés davantage par l'apparence des participants que par leurs messages. L'un leur était "sympathique", un autre "fau-jeton", et la litanie de ce prolonger. J'en veux beaucoup à France Télévisions qui avait le pouvoir de favoriser l'éducation et l'information civique de son public et cela pouvait être accompli d'une manière vivante, assurant une audience aussi grande que celle des animateurs centenaires réduits aux médiocrités interchangeables. 

Cette incompétence doublée ici d'inconscience a autorisé France 2 à consacrer 30 minutes de son journal de 20 heures à une auto-justification de Bernard TAPIE sans qu'on songe même à lui opposer un adversaire ou simplement un interlocuteur susceptible de contester ses affirmations. 

Cet état végétatif dans lequel on maintient les citoyens c'est manifesté lors du jugement de ce garçon condamné à perpétuité pour avoir commis un crime abominable.

 J'avoue qu'à ce sujet ma position est très inconfortable et je comprendrais qu'on la critique.

J'ai perdu une fille du même âge et je me suis intensément senti fraternellement solidaire de cette famille endeuillée. Comme j'aurais voulu être proche d'elle pour l'assurer de mon affection. Mais j'avoue que ma position peut paraître oportuniste si, aujourd'hui, j'accorde quelque sollicitude à celui qui reste vivant mais que, en notre nom, la justice condamne à la mort lente. Je n'aurais pas voulu être à la place de cette Procureur allant même jusqu'à dénaturer ce garçon, faisant l'impossible pour faire oublier qu'il avait 17 ans quand il commit ce forfait. C'est tout juste elle ne faisait pas de révérence après son réquisitoire en sollicitant les applaudissements.

Cette justice par la vengeance commence à devenir insuportable; 

Comment les citoyens ne seraient-ils dans le désarroi quand ils ont le sentiment que tout se règle entre spécialistes. 

On nous rabâche qu'une personne mise en examen doit être considérée comme innocente et ne permettant aucune mise en cause publique jusqu'à une condamnation éventuelle et, dans le même temps, on s'empresse de préciser que le secret de l'instruction est violé. C'est ainsi que, durant des années quelques puissants doivent rester à l'abri des reproches.

Il serait enfin raisonnable de pouvoir faire état des fautes éventuelles qui ont entraîné la mise en examen pour accorder autant d'importance au non-lieu s'il se manifeste. 

J'ai l'impression que la France ne gagnerait rien en sortant de l'euro mais ne serait-il pas convenable de laisser les citoyens choisir en faisant entendre le point de vue de ceux qui ont des propositions différentes, voire opposées sur la gestion du pays et de l'Europe.

Nous apprenons que des centaines de milliers de familles et un nombre incalculable d'enfants sont sans logement, à la rue. Il est temps d'en finir avec les subtilités politiciennes.

 Vengeance et violence irriguent nos institutions. A propos de cette violence qui s'empare de notre vie collective, on trouvera ci-dessous l'article inédit que mon vieil ami Hervé BAZIN, Président de l'Académie Goncourt, m'avait offert il y a une trentaine d'années quand je lui faisais part de mon intention de reprendre LES CAHIERS DE LA QUINZAINE. Il l'aurait modifié aujourd'hui car la division du monde était différente à ce moment. Mais il lance ici quelques idées vigoureuses et j'espère qu'elles ne tomberont pas dans des oreilles de sourds.

 

Denis CLAIR - le 05 juillet 2013.

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27 juin 2013

SI JE DEVAIS M'ATTRIBUER UN FRERE SPIRITUEL...ALBERT CAMUS

Si je devais m'attribuer un frère spirituel, ce serait Albert CAMUS. Des pères spirituels : l'Abbé PIERRE et Jean ROSTAND qui m'honorèrent de leur affection durant des décennies et jusqu'à leur mort.

L'un croyait au ciel, l'autre n'y croyait pas. C'est dire combien je suis démuni et toujours en quête en la matière.

ROSTAND, il m'accueillait deux fois par semaine en sa vieille demeure. Durant des heures devant un bassin où il observait et notait le comportement des grenouilles, nous rêvions d'un monde fraternel cherchant à se libérer de la haine, de la violence et de la corrruption. Alors que ses travaux biologistes étaient appréciés dans le monde entier, j'étais fasciné par sa simplicité et sa prodigieuse lucidité. Nous évoquions LES CAHIERS DE LA QUINZAINE qu'il me conseillait, lui aussi, de reprendre alors que je ne m'imaginais pas que la venue imprévue d'internet me permettrait de vous les présenter ainsi et il m'offrait ce texte inédit que j'ai la fierté de vous offrir à mon tour en cet été si difficile et si tumultueux de 2013.

Le passage d'un tel homme laisse une trace à la fois saignante et magique. Oui, car il inflige une bénéfique saignée à cette bonne conscience, à ces rêveries velléitaires et à ce lymphatisme passif si fréquents parmi les militants. Après lui et grâce à lui, on se retrouve rajeuni et renouvelé dans un sang énergique et riche. Mais Jean ROSTAND est aussi, malgré lui, le mage qui tatoue sur les coeurs le signe de la bonne aventure. Il s'agit d'un talisman profond qui nous consacre, qui nous rend plus assurés, plus persévérants, plus volontaires et plus audacieux dans la vaste croisade contre l'oppression, l'exploitation et la guerre.

Denis CLAIR

 

 

ECLUSIF

 

Un texte inédit de

 

JEAN ROSTAND

de L'Académie Française

 

 

NON A LA BOMBE

OUI A LA PAIX!

 

La légende elle-même ne pourrait faire ici office de présentatrice pour Jean ROSTAND.

Et cependant, ce dernier est depuis longtemps célèbre sur toutes les faces de la planète! Car ce grand pourfendeur de la « bombe » est autrement que légendaire. I1 ne fait pas figure d'un personnage de la mythologie moderne. Il est l'exemple en action et le symbole en marche. Patriarche spontané et disponible, il choisit a'edopter-te tribu hétéroclyte et sans frontières

des « colombes s. Ce prophète rationaliste qui n'a pour l'inspirer que sa terrifiante lucidité et son humanité vibrante, et pour référence que notre commune conscience, ne se réfugie ni dans sa

vocation ni dans ses études ou ses travaux de biologiste comme dans une sorte d'abri anti-atomique pour y attendre la huitième et dernière plaie d'Egypte de la désintégration générale. Il ne court pas les antichambres ministérielles, ni les inaugurations du chauvinisme tricolore, ni les réceptions officielles, ni les prix des vertus rassurantes. Il ne se gargarise pas de désapprobations smpoulées,

de conseils de prudence, d'admonestations aussi invertébrées que moralisantes dont sont prodigues tant de séniles célébrités de gauche et de droite, de l'est comme de l'ouest. Jean ROSTAND n'a rien à voir avec les non-violents du café-crème et les philanthropesen robe de chambre. En dépit de son âge, hier encore, il entrait dans les foules, présidait les manifestations, se plaçait en tête des défilés. /1 se compromet avec les non-conformistes et les contestataires depuis toujours, et savait grimper aux tribunes, porter la contradiction aux « vautours» et haranguer au nom d'une Paix qui fait violence aux stéréotypes et qui vilipende les demi-mesures.

JI prend les problèmes à bras le corps et açcuse publiquement les responsables: politicards et machiavels avec ou sans pouvoir, patriotes chauvins, matamores galonnés, stratèges cyniques et souriants techniciens de la « dissuasion », négoclants en « Mirages Ji et profiteurs de « frappe s.

AINSI vien;.iI parmi nous, sans diplômes, sans rosette au revers, sans drapeau ni tambour ni trompette ni « motards» ni « barbouzes )J. S'il a répondu à notre invitation, c'est que partout où il respire l'odeur de la fraternité, il se sent chez lui. Il n'a pas d'exclusives. /1 ne fait pas d'exceptions. Tous ceux- qui, comme nous, acceptent de porter sur eux le poids du passé, du présent et de l'avenir, lourds autant de prodiges heureux que de catastrophes, tous ceux pour qui honneur ne peut rimer qu'avec bonheur, sont ses compagnons. ROSTAND, par sa seule présence familière et généreuse, mais aussi par le son de sa voix et l'éclat de son regard est à la fois le tonnerre et l'arc-en-ciel, la foudre éblouissante dardée contre les faiseurs de pluie de tout lé Pentagone, et la promesse des jours ensoleillés pour ceux qui, avec lui et nous, se savent porteurs de clet bleu.

Le passage d'un tel homme laisse une trace à la fois saignante et magique. Oui, car il inflige une bénéfique saignée à cette bonne conscience, à ces rêveries velléitàires et à ce lymphatisme passif si fréquents parmi les militants. Après lui et grâce à lui, on se retrouve rajeuni et renouvelé dans un sang énergique et riche. Mais Jean ROSTAND est aussi, malgré lui, le mage qui tatoue sur les coeurs le signe de la bonne aventure. 1/ s'agit d'un talisman profond qui nous consacre, qui nous rend plus assurés, plus persévérants, plus volontaires et plus audacieux dans la vaste croisade contre l'oppression, l'exploitation et la guerre .

Voilà ce que j'aurais voulu dire de vive-voix au cher Jean que je rencontrais plusieurs fois par semaine en sa vielle maison de Ville d'Avray où, devant le bassin, il observait le dévelloppement des grenouilles. Il nous a quittés et reste pour moi plus qu'un ami : un exemple

C'est avec bonheur que je fais profiter ce blog, qui nait au millieu des tempêtes, de ce texte qu'il m'avait confié et resté inédit jusqu'à ce jour. Qui oserait dire qu'il ne reste pas d'une brûlante actualité?

 

Denis CLAIR

 

AVANT que d'évoquer les dangers que fait courir au monde l'extension de l'armement atomique, je voudrais prévenir un malentendu. A ceux qui, comme nous, s'attachent à dénoncer ces dangers, on objecte parfois que nos buts sont trop limités, car c'est - nous dit-on - tous les armements qu'il faut condamner, toutes les guerres qu'il faut refuser: en vous déclarant contre la « folie nucléaire », vous semblez admettre, implièitement, que la guerre conventionnelle d'hier, que la guerre chimique ou bactériologique de demain, ne sont pas, elles aussi, des folies et des crimes...

 

Je reconnais, jusqu'à un certain point, la justesse de cette objection, qui nous vient de certains pacifistes intégraux. Je sais bien que l'armement atomique n'est qu'une manifestation, un effet de cet exécrable esprit de guerre qu'il faut combattre sous toutes.ses formes; mais je pense, nous pensons que la menace de guerre atomique atteint à un tel gigantisme, à une telle démesure, nous pensons qu'il y a dans cette guerre une telle spécificité dans l'horreur - spécificité à la fois quantitative et qualitative - qu'elle mérite qu'on lui oppose un pacifisme privilégié, prioritaire; et nous croyons que ce pacifisme anti-atomique ne peut qu'aider au renforcement d'un pacifisme généralisé.

 

ANTI-ATOMISME bien ordonné commence par soi-même. Notre rôle à nous, pacifistes de France, est enpremier lieu de protester contre la force atomique française, - inutile, absurde, inemployable aussi bien contre un adversaire plus fort que contre un plus faible, éminemment dangereuse puisqu'elle nous désigne pour cible, criminelle et inhumaine puisque sa fonction est de frapper électivement les populations civiles; qui plus est, elle donne aux autres nations le mauvais exemple en suscitant la malsaine émulation des chauvinismes nucléaires.

 

On ose prétendre, on est même allé jusqu'à écrire que la bombe c'est le refus de la guerre mondiale, parce qu'elle contribuerait, par sa vertu de dissuasion, à consolider cet « équilibre de la terreur » sur lequel on s'endort comme sur un mol oreiller. Et, pour un peu, on proposerait Monsieur Dassault pour un Prix Nobel de la Paix... Mais cette illusion ne résiste pas à l'examen: des hommes comme le général Jousse - ce militaire aberrant qui, sur le pacifisme militant, en remontrerait à beaucoup de civils -, comme Pierre Sudreau - ancien ministre, ce qui n'est certes pas une référence, mais non plus une condamnation -, comme Alfred Fabre-Luce et d'autres encore, ont, par de vigoureuses analyses, montré, d'une part, que la France n'a rien à faire dans la galère atomique, et, d'autre part, que la terreur atomique, loin d'avoir la vertu pacifiantequ'on lui prête, ne peut avoir pour effet que d'exalter la tension psychologique entre les adversaires, d'où le risque permanent de provoquer chez l'un ou chez l'autre, des réactions de panique, passionnelles et incontrôlées.

 

Pour juger de l'état de confusion mentale qui règne chez les théoriciens de notre bombe, il n'est que de confronter les déclarations du général Ailleret (paix à ses cendres!) avec celles de Monsieur Sanguinetti qui fut Président de la Commission de la défense nationale et des forces armées à l'Assemblée nationale.

 

Dans la Revue de défense nationale, le premier s'exprimait en ces termes: « La France fait l'effort de se constituer, avec ses moyens propres, un système de défense ... qui... manié avec autant de sang-froid que de détermination, devrait, par la dissuasion, lui permettre d'échapper à certaines grandes guerres, et, si elle n'y échappe pas, d'y participer aux meilleures conditions ».

 

Cet « aux meilleures conditions » laisse rêveur quand on sait que si jamais l'on commettait chez nous l'abominable folie d'appuyer sur la gâchette atomique, quelques minutes plus tard, il n'y aurait plus de France, il n'y aurait plus de Français. Une dizaine de bombes lancées par l'ennemi, en représailles aux nôtres, suffiraient à anéantir le vulnérable hexagone.

 

Ce n'est pas nous qui disons cela, ce ne sont pas les mauvais esprits que nous sommes qui font courir ce bruit: c'est Monsieur Sanguinetti lui-même qui écrit:

 

« Quand j'entends parler de riposte, je ne peux que-vous répondre: bien «entendu, il y aura riposte, et nous savons bien que nous disparaîtrons de la carte «carte de la terre ».

 

Soit, je veux bien ... A mon âge, et après tout ce que nous avons vu, pourquoi pas? Mais il sied, quand même, que les Français, que tous les Français - et surtout les jeunes - aient connaissance d'une telle désinvolture dans le stoïcisme. Il faut qu'ils sachent avec quelle légèreté on accepte de jouer la vie d'un peuple entier à la roulette gaulliste.

 

Je dois vous dire maintenant quelques mots du danger biologique des explosions nucléaires en temps de paix, danger qui ne cessera de s'accentuer si on ne se hâte pas de mettre un terme à la dissémination des armes atomiques.

 

Toute explosion nucléaire, où qu'elle se produise, et quelque précaution que l'on prenne ou que l'on dise prendre, cause un domage au patrimoine héréditaire humain du fait qu'elle détermine un accroissement de la radio-activité ambiante et, par la suite, un accroissement du nombre des variations héréditaires ou mutations, qui sont toujours ou presque toujours des modifications nocives de l'équilibre génetique.

 

Si une mutation frappe une cellule germinale, elle pourra se traduire dans la descendance du sujet atteint, par l'apparition d'une tare, d'une infirmité, d'une anomalie, d'une monstruosité: si elle frappe une cellule du corps (cellule somatiure ), elle pourra entraîner la production d'une leucémie ou d'un cancer.

 

Et qu'on ne dise pas, surtout, que l'augmentation de la radio-activité est trop faible pour être nocive, qu'elle est négligeable, insignifiante, acceptable, admissible, non inacceptable ... Ces euphémismes sont irrecevables, dès lors qu'il n'existe pas de « seuil » pour les effets génétiques a

des rayonnements, ce qui veut dire qu'il n'est pas d'accroissement de radio-activité si minime qui n'ait de tacheuses conséquences pour la santé de l'espèce et des générations à venir.

 

A ce sujet, comment ne pas se rappeler, tout particulièrement, l'augmentation, dûment constatée, de certains isotopes radioactifs à longue vie (strontium, cassium) dans la farine, dans le lait, d'où ils passent, pour s'y accumuler, dans les'os et les dentures de tous les enfants du monde.

 

Le taux du strontium radio-actif est actuellement dix fois plus élevé dans la farine qu'il ne l'était avant le début des explosions nucléaires.

 

Le professeur Bugnard, dont je ne mets pas en doute la probité scientifique, estime que la cote d'alerte n'est pas atteinte; mais cela ne nous rassure qu'à moitié, car, soit dit en passant, j'admire l'assurance avec laquelle ces doctes spécialistes garantissent l'innocuité d'une telle intoxication permanente, qui s'ajoute à tant d'autres causes de détérioration cellulaire (radiations d'usage médical, médicaments chimiques, etc). Personne, je dis bien personne, n'est à même de prévoir ce qui va résulter, pour la santé de l'espèce, de l'addition de tant de facteurs nocifs.

Nous nous garderons d'essayer de chiffrer les dégâts provoqués par les bombes nucléaires, car trop d'inconnues subsistent dans les données du problème. Mais nous pouvons affirmer que, du fait de ces bombes, .des enfants tarés ou infirmes vont naître qui n'auraient pas dû naître, que des cas de leucémie et de cancer vont se produire qui n'auraient pas dû se produire. Nous pouvons certifier que chaque explosion de bombe ajoute au lamentable effectif des victimes de la « folie nucléaire ». Et comment n'être pas inquiets lorsqu'on apprend, par une déclaration de M. Mendès-France, que trente-deux pays sont maintenant candidats à la bombe, ce qui nous promet, outre un danger de guerre sinistrement aggravé, une sérieuse extension du méfait génétique dès le temps de paix.

 

A partir de combien d'infirmes, de combien de leucémiques et de cancéreux est-on fondé à se plaindre? Affaire de conscience, de sensibilité. Le seuil de l'acceptable variè suivant les individus. Pour celui-ci, mille enfants tarés, cela ne compte guère au regard du prestige national; pour celui-là un seul enfant taré qui n'aurait pas dû naître, c'en est un déjà de trop.

 

Il faut enfin ajouter - bien que cet objection d'ordre financier soit accessoire auprès des autres - que l'acquisition de notre force de frappe nous ruine, nous accable, nous exténue.

 

On nous affirme que l'armement atomique est moins onéreux, tout compte fait, que l'armement conventionnel, et que, de toutes les morts militaires, c'est la mort atomique qui est la moins chère. Mais combien de milliards atomiques ne figurent pas au budget des armées, imputés qu'ils sont à la recherche scientifique, aux frais de mission spéciaux, à la' défense opérationnelle, aux charges communes, aux territoires d'outremer ...

 

Et, devant ces dilapidations clandestines, comment ne pas évoquer avec aigreur, avec colère, les laboratoires, les écoles, les logements dont nous sommes frustrés. Comment ne pas songer à la misère de notre équipement hospitalier, à tous les malades qui ne sont pas soignés, aux infirmières qui manquent dans les services d'urgence, aux trois cent mille lits qui seraient à créer, aux mourants entassés dans les couloirs d'un bâtiment vétuste? Comment ne pas songer aux « reins artificiels », si ridiculement rares par rapport à la foule des urémiques qui en pourraient bénéficier, à tous les appareils onéreux, enfin, dont la pénurie met les médecins dans l'obligation de choisir selon la dramatique expression du Professeue Hamburger - ceux qu'on décidera de laisser mourir.

 

Je sais bien, on nous répond cauteleusement: « A supposer que vous ayez raison, il est maintenant trop tard pour changer de logistique. La force de frappe a atteint le point de «mon retour»: aucun gouvernement - fût-il de gauche, voire d'extrême gauche, fût-il formé des hommes que vous prônez et souhaitez de voir à la tête du pays - ne prendra sur lui de renoncer à l'armement atomique ».

 

« Notre politique nucléaire - a-t-on pu lire dans la Revue de Défense Nationale - est axiomatique, irrévocable ... Personne ne jettera à la ferraille nos bombes A; personne ne transformera les sous marins à propulsion nucléaire en sous-marins Diésel; personne ne fermera l'usine de Pierrelatte.

En fait - conclut M. Messmer - personne ne propose aucune de ces mesures ».

 

Pour parler ici très franchement, je dirai que je suis parfois un peu déçu par l'attitude de l'Opposition en face de la force atomique française. Il ne m'apparaît pas qu'elle la combatte avec la vigueur, l'obstination qui seraient do mise.

 

Lors des élections présidentielles, et aussi lors des législatives, la force de frappe n'a pas été au premier plan des débats. Je n'ai pas entendu sortir du petit écran les paroles véhémentes, explicites, accusatrices que j'attendais.

 

On avait là, cependant, durant quelques minutes - et pour une fois sur les ondes nationales confisquées par le pouvoir personnel, - on avait l'occasion de parler à peu près librement à des millions d'auditeurs: je n'estime pas qu'en ait profité comme il eût fallu de ce qu'on a appelé à la Chambre, « la clémence » de la Majorité ...

 

Oui, cette détestable force de frappe, on ne la condamne qu'avec mollesse, ménagement, courtoisie; cette sale bombe qui nous est imposée, on prend des gants avec elle ...

 

Et cette sorte de galanterie contraste avec la violence qu'on met à s'élever contre ce qui se passe au delà de nos frontières.

 

Qu'on m'entende bien. Je ne méconnais pas l'importance, voire la gravité de certains problèmes qui ne sont pas les nôtres. Et j'approuve - car il ya unité, indivisibilité de la justice, de la liberté, de la paix -, j'approuve que nombreux et ardents soient ceux qui, chez nous, manifestent contre les crimes lointains, mais je ne voudrais quand même pas que tout notre potentiel d'indignation, de contestation, de protestation, s'épuise au bénéfice de l'étranger. Gardons-en un peu pour nous mêmes. Gardons-en pour ce qui se passe ici, tout prêt, sous nos yeux. Gardons-en pour Taverny et pour Pierrelatte ... Gardons-en pour nos sous-marins aux noms ridicules de croque-mitaine: Le Formidable, le Terrifiant, le Foudroyant ...

 

Quoi qu'il en soit, enregistrons avec satisfaction que Monsieur Mendès-France déclarait publiquement que « la France devrait interrompre la constitution de sa . force de frappe, qui ne servira jamais ». Enregistrons que la Fédération de la Gauche et le Parti Communiste s,engageaient, par une déclaration commune, à renoncer à la force de frappe et à la reconvertir à des fins pacifiques ... (Mais depuis ... )

 

Jusqu'à nouvel ordre, nous voulons faire crédit à ces paroles de sagesse. Faudrait-il qu'on pensât, avec feu Monsieur Pompidou, que les promesses de l'opposition sont des « fumisteries sans norn » ? Faudrait-il qu'on fit une règle de la fourberie de nos gouvernants, et toujours s'attendre qu'à peine hissés au pouvoir ils agissent au rebours de ce qu'ils avaient promis?

Ah ! quel exemple, quelle leçon, il donnerait au monde, le pays qui, le premier, renoncerait à sa force atomique! En notre siècle de violence et de guerre froide, comme il se grandirait devant l'avenir, comme il s'imposerait devant l'histoire, l'hommo qui oserait un tel geste, aussi insolite, de civilisation et de paix! A côté de ces potentats qui ne savent que jouer du chantage à l'extermination, à côté de ces maréchaux qui annoncent avec gourmandise le nombre de cadavres qu'ils sont capables de faire en l'unité de temps, comme il paraîtrait grand - et d'une vraie grandeur, celui-là - l'homme qui se permettrait de déclarer: Mon pays s'est débarrassé de ses bombes, il s'est dépossédé de la sombre et terrible capacité de détruire en quelques instants des millions et des millions d'hommes ...

 

Il a envoyé à la ferraille les engins de meurtre, et d'une usine qui ne travaillait que pour la mort, il en a fait une qui ne travaillera plus que pour la vie...

 

ENTENDRONS-NOUS jamais un tel langage? N'est-ce pas trop beau pour être possible?

Il faudrait simplement, pour cela, qu'un homme d'Etat comprît - et comment ne le comprennent-ils pas, ces orgueilleux si assoiffés de gloire future - qu'on ne peut plus se grandir aujourd'hui par l'épouvante qu'on inspire, et que les seuls gesteshistoriques, désormais, ceux qui compteront dans la mémoire des peuples, ceux qui obtiendront une durable gratitude, ceux qui frapperont l'imagination et toucheront les coeurs, ce seront des gestesd'apaisement et d'humanité, éveilleurs d'espérance et ensemenceurs d'avenir.

 

E spectacle que donne présentement le monde n'est certes pas fait pour rassurer les véritables amis de la paix. Partout, flambent les nationalismes, les chauvinismes, les séparatismes, les racismes, les sectarismes, les fanatismes... Partout, règnent en maître l'esprit de rivalité et de domination, l'égoïsme sacré, le mépris des droits de l'homme ...

 

A-t-on jamais le sentiment que les grands responsablesde la planète, ceux qui tiennent entre leurs mains les vies de millions d'hommes, aient vraiment à coeur de rechercher l'entente internationale avec l'opiniâtreté, la probité, la ferveur nécessaires? A-t-on l'impression qu'ils soient disposés, en quelque camp que ce soit, à faire à la grande, à l'immense, à l'inégalable Causesde la Paix les censessions qu'elle exige, et le sacrifice, même partiel, de leurs préjugés, de leurs points d'honneur, de leurs fatuités chauvines, de leurs intolérances? Est-ce que, jamais, l'on voit s'esquisser,même à titre d'essai, un gestequi soit vraiment sansarrièrepensée, sanséquivoque, et animé par le seul vouloir de compréhension et de conciliation, un geste spirituellement désarmé, qui ne soit pas de tactique ou de propagande, externe ou interne, un geste qui ne vise pas à conquérir quelque avantage matériel ou moral, un gestegratuit, enfin, qui ne soit teinté d'aucun impérialisme ou national ou idéologique?

 

Et dans ce monde exclusivement régi par la « morale de guerre », comme disait le philosophe Renouvier, non seulement les bombes s'accumulent dans les arsenaux, mais la décision suprême, assassine,dépend de la volonté d'un seul homme,- d'un seul, qui peut être un agité, un persécuté, un mégalomane, un névrosé, puisque, jusqu'à nouvel ordre, on n'exige pas de ceux qui conduisent les peuples un certificat de psychiâtre, et que, d'autre part, les qualités qui élèvent un homme au pouvoir ne sont pas précisément garantes de son équilibre moral.

 

Pourquoi pas, demain, à la tête d'un grand pays - ou même à la tête d'un petit pays - un nouvel Hitler?

 

Et d'ailleurs, est-il même besoin d'un nouvel Hitler pour nous jeter dans l'abîme? Il suffirait qu'un chef, quelque part, soupçonnant l'adversaire d'être un nouvel Hitler, résolût de prendre les devants dans le crime ... Guerre préventive, guerre sainte... N'oublions pas que ce sont des hommes fort raisonnables, consciencieux et honorables qui ont fait Hiroshima et Nagàsaki...

 

N'oublions pas, de surcroît, que ces hommes d'un si monstrueux pouvoir, ces hommes dont dépend le sort de l'homme, disposent de moyens exorbitants pour mettre leur peuple en condition, pour le tromper, pour l'abêtir, pour lui faire ingérer tous les mensongesqu'exploitera leur propagande. Si bien qu'un chef, d'aventure, pourra setrouver entrner à des actes encore plus déments qu'il n'eut voulu, pour satisfaire une opinion publique intoxiquée de peur et de haine.

 

Oui, il Ya de quoi être inquiets ...

 

Le philosophe Jaspers écrivait: « l'homme, jusqu'ici, pouvait se détruire individuellement ... On pouvait exterminer des peuples. A présent, l'humanité peut êtreanéantie en totalité par l'homme. Que cela se produise n'est pas seulement entré dans le domaine du possible; au regard de l'examen purement rationnel, il est vraisemblable que cela se produira ».

 

Certains d'entre vous ont peut-être assisté à cette émission de Télévision où sont apparu quelques grands savants du monde entier.

 

Entre autres, je revois le célèbre Oppenheimer, un des pères de la bombe, et j'entends son long silence, précédant la terrible réponse, faite d'un ton si calme, à qui lui demandait s'il croyait au suicide atomique de l'homme: « je ne suis pas optimiste ».

 

Et guère plus encourageant, Gregory Pincus, avec son sourire désabusé. Et c'était un spectacle pathétique et lamentable que celui de ces pauvres grands hommes qui paraissaient comme résignés aux démentes conséquences d'une science qui avait été leur raison de vivre. On se sentait presque enclin à leur faire grief de cette résignation, de cette mollesse, de cette passivité... '

 

Mais que peuvent-ils faire maintenant, les gens de Science?

 

On veut croire - ou alors ce serait à désespérer de tout - que si c'était à recommencer, aucun d'entre eux ne conseillerait à son gouvernement l'usage de la bombe. On veut croire qu'instruit par les horreurs d'Hiroshima, averti par les remords d'Einstein, édifié par les scrupules d'Oppenheimer, aucun homme de science, aujourd'hui, à quelque pays, àquelque parti qu'il appartînt, et en quelque circonstance que ce fût, ne prendrait sa part de responsabilité dans une Apocalypse atomique. Et je ne doute pas qu'au sein du ,« Mouvement Pugwash » - cette sorte d'Internationale des savants -, des hommes de science de tous pays ne s'efforcent à défendre la paix,

 

MAIS, hélas, quels sont leurs moyens d'action? Bien sûr, en chaque pays, les spécialistes de la technique nucléaire pourraient refuser de coopérer aux oeuvres de mort - comme l'ont fait jadis Kapitza et plusieurs savants allemands -; mais, pour un spécialiste qui aurait l'héroïsme de faire grève au crime collectif, combien d'autres, et au nom du loyalisme national, s'offriraient à le relayer ... L'ignoble bombe ne manquera jamais de fabricateurs, et qui croiront faire leur devoir en la fabriquant.

 

Alors, vous voyez bien, disent les résignés: à quoi bon récriminer contre l'inévitable ? La bombe atomique fait partie de la réalité présente; il faut coexister avec elle, s'habituer à l'angoisse qu'elle fait peser sur l'humanité, et qui durera tant que les hommes seront ce qu'ils sont, c'est-à-dire jusqu'à la fin des temps ...

 

On serait parfois tenté de se laisser gagner par un tel pessimisme ... Et pourtant, nous savons bien, dans le fond de nous-même, que la terreur atomique ne peut pas être le dernier mot de l'aventure humaine. Malheureusement les « parabellistes », les caresseurs de bombes et les dévôts de la mégatonne, nous savons qu'il n'est pas possible que l'homme, un jour, n'en vienne à user décemment de sa raison, pour prendre conscience de la honteuse et ridicule situation où le placent une science qui a livré les moyens du crime universel et une politique qui ne fait rien, ou si peu, pour le prévenir.

 

Oui, honteuse situation, et ridicule ... Car, quelle que soit l'Issue d'un conflit nucléaire, il infligerait à l'homme la plus humiliante des défaites en faisant la preuve que tout son esprit, tout son génie - ce fameux génie dont il est si fier n'était, tout compte fait, qu'un caractère défavorable, inadaptif, dès lorsqu'il n'était pas accompagné des qualités de sagesse qui eussent permis d'en faire un meilleur usage.

 

Dans un moment où la guerre c'est la mort pour tous, où refuser la paix des vivants c'est choisir la paix des tombeaux, l'Homme tardera-toi! à corn- - prendre qu'il a mieux à faire, sur son petit globe, que d'échanger des menaces et équilibrer des terreurs? Le vouloir-vivre de l'espèce ne s'éveillera-t-il pas en lui, pour le contraindre aux adaptations qu'exige sa survie, et qui se résume en un seul espoir: l'unification de la planète?

 

CETTE espérance, qui fut celte d'Einstein et qui est aujourd'h~i celle de Bertrand Russell, de Josué de Castro, de l'Abbé Pierre, de Linus Paulinq, d'Alfred Kastler et de bien d'autres, je crois que, nécessairement, elle s'inscrira, un jour, dans les.faits.

 

L'unification de la planète me paraît aussi assurée pour demain qu'elle paraît réalisable dans l'heure présente, car c'est à l'échelle planétaire seulementque pourront être résolus de façon rationnelle les grands problèmes sociaux, économiques, moraux, qui se posent à nous, soit qu'il s'agisse de (a gestion des ressources terrestres, de l'organisation de la santé, ou de la lutte contre la surpopulation.

Il est aussi aisé de prédire le « monde uni » qu'il était facile, pour Jules Verne, de prédire le sous marin ou la navigation interplanétaire. Le seul doute porte sur la durée - décennies, siècles, ou millénaires - qui nous sépare du stade de cohésion unitaire. Qui peut dire, d'avance, ce qui est ou non lointain? Il en va des progrès politiques com-me des découvertes scientifiques ou techniques; ce qui paraît aisé à atteindre, ce qu'on croit déjà toucher de la main, on l'attendra durant des siècles; et ce qu'on jugeait quasi impossible, voilà tout soudain qu'il nous est offert.

 

Dans ma jeunesse, sauf Esnault-Pelterie. qui croyait en France à J'astronautique? De même, ce monde uni, si problématique, si malaisément concevable, peut-être qu'il est à la veille de naître.

 

Incertains quant au délai requis pour l'unification, nous le sommes aussi quant à ses modalités. Quelles en seront les étapes successives, quel en sera le prix? Faudra-t-il encore traverser de folles et sanglantes aventures avant de recourir à l'arbitrage de la raison? Par quels moyens pourrait-on faire une économie de massacres en frayant à l'avenir d'autres voies que celles de la violence, ?

 

Utopique, le rêve êI'une paix définitive, imposée par une autorité mondiale ? Mais, comme disait naguère le Général Jousse, que proposent-ils d'autre; les réalistes? Alors, qu'ils se taisent.

 

Oui, qu'Ils se taisent, les soi-disant hommes de bon sens qui, n'ayant à nous offrir que les surenchères de la menace et les bons offices de la terreur,ne savent, depuis des siècles, que nous faire patauëer dans le sang? Où sont leurs réussites, leurs bienfaits, quels sont leurs titres à la confiance des peuples? Qu'ont-ils évité, en fait de catastrophes et de tueries? Quelles horreurs ont ilsépargnées aux humains? Et n'est-on pas fondé à penser, en récapitulant les sauvageries qui forment le tissu de toutes les « histoires nationales », que si les utopistes, si les chimériques avaient su se faire écouter, l'histoire de l'homme n'aurait pu être plus hideuse qu'elle ne le fut.

 

Il y a quand même des espoirs qui n'ont pas été déçus, et déjà l'on a vu - pour parler comme Victor Hugo - une réalité légale ntre d'une utopie sublime.

 

Et quand cet espoir, quand ce rêve est l'unique chance de salut pour l'humanité, il n'est pas plus insenséde s'y fier que de je repousser au nom d'une raison qui n'est, à tout prendre, que le consentement défaitiste au génocide intégral.

 

Peut-être, en l'occurence, y a-toi! là une manière de pari pascalien: on mise sur la carte gagnante, on parie pour la survie de l'homme. Mais croire à l'immortalité ne nous rend pas immortels, tandis que croire au monde uni, et vouloir le monde uni, peut en hâter la venue.

 

Si l'on croyait au monde uni, si l'on voulait le monde uni, on n'éduquerait pas les enfants comme s'ils devaient s'accommoder du monde injuste et divisé où nous sommes. On leur enseignerait, très tôt, l'unité foncière de la famille humaine et que tous les hommes sont également hommes, qu'aucune patrie n'est meilleure, plus juste, plus pacifique, plus humaine qu'une autre; on leur enseignerait qu'aucune guerre ne fut belle, aucune victoire glorieuse, puisque toute gloire militaire se paie par des charniers; on veillerait à prévenir en eux la formation de la puérile et néfaste idolâtrie, on s'appliquerait,en toutes circonstances, à les faire penser non pas en nationaux mais en hommes.

 

OUI, toute la préparation spirituelle des jeunes gens serait différente selon qu'on placerait ou-non, à l'horizon de leur pensée, l'image idéale d'un monde sans frontières.

 

Ils sont nombreux déjà, parmi les jeunes, ceux qui seraient disposés à s'en remettre aux décisions, même contestables, d'une Autorité mondiale qui, assurant le maintien de la Paix par le dépassement des égoïsmes particuliers, s'attacherait à servir au mieux les intérêts, matériels et moraux, de l'humanité dans son ensemble.

 

S'engagerdans cette pacifique légion qui, à l'égard d'aucun pays, ne seveut étrangère, me paraît un séduisant devoir pour tout hommè qui souhaite, dès aujourd'hui, d'être à l'unisson de l'avenir. .

 

Ils sont de tous partis, de toutes opinions, de toutes croyances, de toutes confessions, les Citoyens du Monde. Il y a, parmi eux, - parmi nousdes croyants et des athées, des rationalistes et des mystiques, des hommes qui respectent l'homme parce qu'ils y voient une image de Dieu et d'autres qui le respectent simplement parcequ'H est homme. Il ya des militaires - comme le Général Jousse -, et des anti-militaristes qui renvoient leur livret militaire au Ministre des armées; il y a des hommes qu'on dit ({de gauche» et d'autres qu'on dit « de droite », il y a des violents et des non violents, des hommes qui comptent sur la force pour aider au triomphe du juste etd'autres qui n'admettent l'emploi que des armes de lumière; il ya des hommes-de vérité et des hommesde poésie... Mais ce qui unit tous ceshommes !par delà tant de différences, c'est l'amour loyal et passionné de la paix, ce qui n'est pas toujours le cas de tous ceux qui se disent pacifistes.

 

Je conviens qu'il n'est pas facile, et surtout de nos jours, de savoir où se trouve le vrai, le bon pacifisme. Chacun veut en avoir le monopole; pour celuici, le pacifisme, c'est refuser toute guerre, quelle qu'elle soit; pour celui-là, c'est refuser les guerres injustes, car l'idée de paix ne doit pas être séparée de l'idée de droit; pour cet autre, c'est n'accepter que celles - justes ou injustes - qui mènent aux bouleversements sociaux capables d'instaurer une paix durable.

 

Or, il est certain que, dès qu'on renonce au pacifisme intégral, inconditionné, on tombe en pleine ambiguïté; tout alors se peut justifier, même l'emploi des armements atomiques ... Qui décidera qu'une guerre est juste ou qu'elle ne l'est pas, qu'elle est défensive, ou d'agression? Et surtout 1 qui décidera que la cause que l'on défend - toujours plus ou moins impure, comme toute cause - mérite le sacrifice de tant de vies?

 

Qu'on le veuille ou non, on se trouve là dans le domaine de « l'indéterminé moral », où la décision

dépend de la sensibilité personnelle: de l'option

idéologique, du degré d'impatience avec quoi l'on veut que s'accomplisse tel ou tel progrès; on y est assailli par les angoissantes questions qui mettent en balance des vies humaines avec de hautes valeurs morales, telles que liberté, dignité, justice, ou, ce qui est encore plus embarrassant pour un

pacifiste, des vies humaines avec d'autres vies humaines, car nous voyons souvent un pacifisme à long terme s'opposer à un pacifisme à court terme, un pacifisme qui se croit mieux entendu à un pacifisme aveugle et sommaire. Alors, n'y aurait-il de vrai pacifisme qu'intégral? -

 

C'est là une immense question, un immense problème de conscience, sur lequel butent beaucoup de consciences chrétiennes.

 

Pour ma part, et sans doute vais-je décevoir certains, j'hésite à aller tout à fait jusque-là.

 

Non point certes que je ne comprenne pas ce pacifisme catégorique et sans nuances. Tant de fois nous avons constaté l'inutilité des tueries: tant de fois nous avons vu ressurgir le mal après le bain.de sang qui devait nous en délivrer; tant de fois nous avons vu, après une guerre, bafouer l'idéal qui servait à la justifier; tant de fois nous avons vu les ennemis d'hier se faire une risette qui eût été mieux venue avant le massacre; tant de fois nous avons dû convenir qu'une guerre apparemment nécessaire pouvait être évitée avec un peu de patience et de sagesse; tant de fois nous fûmes bernés, mystifiés par les prôneurs de guerre, que je comprends ceux-là qui, une fois pour toutes, ont décidé qu'ils ne les écouteraient plus. Aussi bien ce pacifisme intégral a de toute façon sa noblesse, son rôle. Ne faut-il pas que certains, dans la défense de la Paix, sachent aller trop loin? Où se fortifieraient les idéaux si ce n'est dans les âmes qui sont capables de leur porter un excès d'amour?

 

En face de l'immense foule toujours prête à consentir aux répugnants holocaustes, il est bon que se dresse la petite cohorte des obstinés qui, en aucun cas, sous aucun prétexte, n'y donneront leur consentement.

 

Et c'est bien pourquoi, je l'avoue. je fus tenté, et je le suis encore, par les généreux appels de notre ami Lecoin; mais, qUc3Îqu'il m'en coûte, j'ai cru plus honnête devant moi-même de n'y pas céder. Tout pacifiste que je suis - ou que je crois être =, si persuadé que je sois, et sans cesse davantage à mesure que, l'âge passant, je' deviens plus allergique au sang, si persuadé que je sois que presque rien ne vaut une guerre, quelque chose en moi hésite à faire tomber ce « presque »..:

 

Je me méfie des engagements inconditionnés; et je-ne veux pas me fier par un choix moral aussi catégorique.

 

Ajouterai-je que les positions les plus absolues ne sont pas toujours les plus stables? Einstein a commencé par le pacifisme intégral et il a fini par réclamer la bombe atomique. Rien ne vaut une guerre, disait le grand savant, et, par· crainte du triomphe hitlérien, il fut l'un des responsables d'Hiroshima.

 

L me semble, à vrai dire, que le pacifisme est moins une doctrine qu'une manière d'être et de sentir.

 

Pour moi, être pacifiste, ce n'est pas forcément être toujours prêt d'avance à tout sacrifier à la paix, mais c'est quand même être capable de lui sacrifier quelque chose, et à quoi l'on tient.

 

Etre pacifiste, c'est ne prêter qu'une oreille méfiante à ceux qui recommandent aujourd'hui le massacre sous prétexte qu'il doit en prévenir un plus copieux, demain; c'est, sans méconnaître les droits de l'avenir, donner la priorité ~ la vie des vivants; c'est vouloir la paix même si elle n'a pas tout à fait la couleur. qu'on préfère; c'est lui rendre grâces même si toutes nos passions et toutes nos: espérances n'y trouvent pas leur compte; c'est admettre que l'intérêt de la paix peut ne pas coïncider avec celui de notre patrie ou de notre idéologie; c'est oublier cette ignoble vérité que « le sang sèche vite »: c'est garder toujours présent à l'esprit l'immense contenu négatif du mot de « paix », - ce qu'il porte en lui de nonsouffrance, de non-détresse, de non-désolation, de non-désespoir -; c'est voir, én toute guerre, la gigantesque erreur judiciaire que fait la somme des peines capitales qu'elle inflige à tant d'innocents, c'est ne pas consentir aux grossières sirnpliflcàtions et falsifications que diffusent les propagandes pour entretenir les haines; c'est refuser d'égrener le chapelet des slogans de commande et des calomnies de consigne; c'est ne pas clamer qu'on veut la paix quand on s'associe aux fanatismes qui la rendent impossible; c'est dénoncer sans relâche ('atrocité de la guerre, l'ignominie de la guerre, mais garder d'imputer à "un des belligérants des atrocités hors série; c'est condamner dans tous les camps, les intransigeances et les jusqu'au boutismes, c'est s'affliger quand, pour quelque cause que ce soit, on voit un fusil entre les mains d'un enfant; c'est être hanté par les fantômes innombrables de ceux qui sont morts pour rien; c'est être incapable de ne pas discerner l'homme, sous l'adversaire qui semble le plus inhumain; c'est n'être jamais tout-à-fait sûr d'avoir raison s'il faut donner son acquiescement à la mort des autres ...

 

La survie de l'homme dépend de la vitalité de ce pacifisme là.

Jean ROSTAND.

 

25 juin 2013

EXCLUSIF ILLUSION OU TROMPERIE : L'ASITROLOGIE NE

 EXCLUSIF

 

ILLUSION OU TROMPERIE :

L'ASITROLOGIE NE REPOSE SUR RIEN !

par Jean-Claude PECKER

professeur émérite au Collège de France, membre de l'Académie des sciences

 

Le déferlement de l'astrologie, sur les écrans comme sur les ondes ou dans les colonnes des journaux, a de quoi nous inquiéter gravement sur la santé mentale de nos compatriotes.La crédulité est poussée à un point extrême, appuyée sur le besoin du recours à un certain merveilleux, dont, sans se l'avouer, ils attendent des solutions impossibles à des problèmes difficiles d'existence de vie. Il est important de dire pourquoi nous devons réagir contre ces séductions fallacieuses, d'expliquer en quoi elles sont des tromperies. Face aux difficultés des temps, c'est la lucidité qui doit être notre sauvegarde, et non l'abandon qu'implique plus ou moins la croyance en l'astrologie, comme en telle ou telle technique de divination.

L'argument banal contre l'astrologie, et celui que nous ne retiendrons que de façon anecdotique, c'est que l'ASTROLOGIE SE TROMPE TRES SOUVENT. Une statistique est difficile à construire, car les prévisions des astrologues sont la plupart du temps basées sur des remarques de simple bon sens : "les choses iront mal en Yougoslavie", "le Président Clinton bénéficiera d'un large soutien populaire", "des nuages du côté de l'Islam"... N'importe qui pourrait en dire autant... et se tromper d'ailleurs aussi souvent ! Un argument de même nature, c'est que DIFFERENTS ASTROLOGUES FONT DES PREVISIONS TRES DIFFERENTES LES UNES DES AUTRES, A PARTIR DES MEMES BASES ; chacun d'eux dira bien sûr qu'il est un "bon astrologue", et que les autres sont mauvais. Notre argumentation essentielle s'attachera plutôt au fond de l'astrologie qu'à ces ridicules quotidiens.

L'idée de base de l'astrologie, quelle que soit, c'est que la position des astres dans le ciel, à tel ou tel moment-clef de l'existence d'un individu, d'un groupe, d'une nation, est associée aux caractères de cet individu, aux caractéristiques de ce groupe, et qu'elle détermine, dans une certaine mesure, le comportement, donc l'avenir. Certains astrologues considèrent que le moment-clef, c'est celui de la naissance ; d'autres que c'est celui de la conception ; d'autres encore, conscients de la faiblesse de leur système, affirment que c'est le moment auquel la naissance aurait eu lieu s'il n'y avait pas eu accouchement provoqué, ou simplement prématuré. C'est une bonne façon de tomber sur ses pieds après l'échec d'une précision basée sur l'horoscope de naissance ! Mais quoi qu'il en soit, le problème est de savoir si et comment, les astres peuvent influencer les hommes... Et là, la réponse des astronomes et des physiciens est formelle.

Les astres ont des noms qui leur ont été donnés par des hommes ; ces noms ont une origine dans les mythes anciens, fort différents d'ailleurs en Chine, par exemple, et dans notre Occident formé par la tradition babylonienne. Ces noms sont fort imagés ; une constellation est le Taureau, une autre encore l'Aigle, ou la Grande Ourse. Dans ces constellations, les étoiles elles-mêmes ont des noms, l'Epi de la Vierge, ou Castor et Pollux dans les Gémeaux, la Perle de la Couronne Boréale, ou encore l'Oeil du Taureau... Les planètes, au nombre de cinq dans l'antiquité (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne), bien plus nombreuses depuis le développement des lunettes et des télescopes, ont des influences différentes ; elles se déplacent dans le champ des étoiles, tout en restant dans la bande des constellations du Zodiaque. Ces constellations, que la tradition limite à douze, ont jadis (il y a deux mille ans...) donné leur nom aux signesdu Zodiaque, régions du ciel localisées dans une ceinture bien définie autour de l'équateur céleste. Les deux luminaires, Soleil et Lune, à tel ou tel moment, se trouvent aussi dans telle ou telle constellation du Zodiaque. Le soleil met un an à décrire le Zodiaque, à partir du "point gamma", celui qui correspond à l'équinoxe de printemps.

Les horoscopes les plus classiques, les plus répandus sont en général simples (plus on paye, plus l'astrologue prendra de détails en compte). Pierre est Taureau, Paul est Scorpion. Cela veut dire que quand Pierre est né, le Soleil se trouvait dans la région du ciel qu'occupe le signe zodiacal du Taureau. Or les astrologues utilisent dans leurs analyses le nom de la constellation pour définir le caractère ou les tendances de l'individu en question. Pour Pierre par exemple, être Taureau, avec un grand T, cela signifie aussi que l'on a plus ou moins la vigueur de l'animal-Taureau, son caractère un peu mâle, son courage. Au contraire, un Scorpion sera plus rusé, plus efficace aussi etc... Ces symbolismes ne s'appliquent pas qu'aux individus. Au Moyen Âge, les relations entre le microcosme et macrocosme, correspondances singulières, étaient à la base d'une certaine médecine, et les douze signes du Zodiaque gouvernaient telle ou telle partie du corps. Ainsi, les pieds avaient pour signe les Poissons, le sexe le Cancer, etc... Et l'horoscope individuel se combinait ainsi à des indications sur les parties du corps les plus fragiles, et sur les précautions à prendre.

A l'époque de l'astrologie et de l'astronomie médiévales, on pouvait penser que ces correspondances avaient lieu d'être prises au sérieux : les astres étaient proches ; la disposition des étoiles sur la voûte céleste n'était pas le fait du hasard ; les formes des constellations, leur fixité l'une par rapport à l'autre dans le ciel, leur caractère quasi-éternel, pouvait laisser croire à une influence réelle des astres, et même de la forme symbolique qu'affectaient les constellations sur le ciel. De plus, on pouvait penser (en bons aristotéliciens) que la nature des astres (quintessence) était différente, par essence, de la nature des êtres sublunaires, hommes et bêtes, et que par suite ces correspondances entre ciel et terre traduisaient une réalité profonde de la nature duale de l'Univers.

En quelques siècles, nos connaissances ont progressé. L'ASTROLOGIE EST RESTEE LA MEME QU'AU XVIè SIECLE ; et l'astronomie moderne montre que celle-là était déjà complètement erronée, dans ses principes mêmes.

Les constellations sont nommées DANS LE CADRE D'UNE CERTAINE CIVILISATION ; dans une autre, elles ont un autre nom ; le destin des Chinois obéirait-il aux astres différemment du nôtre ? Les constellations du Zodiaque se sont déplacées ; actuellement c'est par exemple LA CONSTELLATION DU BELIER QUI SE TROUVE DANS LE SIGNE DU TAUREAU. Ce glissement des constellations par rapport à la course annuelle du Soleil est le phénomène de la "précessions des équinoxes", connu d'ailleurs depuis l'Antiquité, mais oublié par la plupart des astrologues. Par ailleurs, LE SOLEIL NE PASSE PAS DANS CHAQUE CONSTELLATION LE MEME TEMPS ; près de deux mois dans la constellation de la Vierge, à peine dix jours dans celle du Scorpion. AJOUTONS QU'IL N'Y A PAS DOUZE CONSTELLATIONS ZODIACALES, MAIS TREIZE ; la treizième, entre scorpion et sagittaire, c'est Ophiucus, le Serpentaire... Que veut dire alors ces horoscopes qui classent les gens en tranches de mois, divisées en trois décans ? C'est une mystification, que l'on tienne compte ou non du glissement des contellations !

Il y a plus grave. L'astrologie suppose une action des astres sur les hommes. Au Moyen Âge, on croyait que les étoiles étaient des lampes fixées sur une voûte cristalline mobile, et relativement proche ; nous savons aujourd'hui qu'il n'en est rien. LES DISTANCES SONT CONSIDERABLES. La lumière parcourt, en une seconde, 300 000 km. Le soleil est à 150 millions de kilomètres de nous - huit minutes de lumière ! Les plus proches des étoiles sont à des années de lumière, 10 000, 100 000 fois plus loin que le Soleil et les planètes. Le ciel constellé, loin de nous, est aussi très profond. Les constellations ne sont qu'apparences, effets de perspective. Deux étoiles du Taureau, par exemple, sont à des distances de nous très différentes, bien qu'elles nous apparaissent très proches sur le ciel. Les dessins qui ont donné leur nom aux constellations sont artificiels. Vue d'un autre point du ciel, aucune de ces représentations pitoresques ne se maintiendrait !

Les correspondances macrocosme-microcosme avaient un sens il y a mille ans, quand on pouvait considérer que le Ciel et la Terre étaient complémentaires, mais essentiellement différents. Mais depuis le XVè siècle, nous savons que la NATURE PHYSICOCHIMIQUE DES ASTRES EST LA MEME QUE CELLE DE LA TERRE. On y trouve de l'hydrogène, de l'oxygène, du carbone, etc... Tout cela constitue la matière des étoiles, celle du Soleil ; les forces en jeu dans l'univers des astres, attraction universelle, forces électromagnétiques, forces d'intéraction nucléaires, sont les mêmes que celles que les physiciens connaissent sur la Terre. L'unité de la nature est profonde, réelle et non fantastique...

Les planètes sont aussi de même nature que la Terre ; et les conditions physiques s'y ressemblent fortement. Elles jouent un grand rôle dans l'astrologie la plus "savante"... Mais quelles planètes ?

Quand l'astrologie s'est codifiée, on n'en connaissait que cinq. NEPTUNE OU PLUTON, DECOUVERTES DEPUIS, N'AVAIENT DONC PAS D'INFLUENCE AVANT D'ETRE CONNUES ? Aujourd'hui on connait autour du soleil huit grosses planètes, des milliers de plus petites, quelques satellites de même nature et de même taille que Mercure ou Vénus, et beaucoup de plus petits. N'ont-elles aucune influence ? Et pensez aussi que la distance de Mars à la terre varie d'un facteur cinq d'une année à l'autre... Mars devrait donc avoir moins d'influence certaines années que d'autres ; quel astrologue, sachant cela, en tient compte ?

Les astrologues rétorquent parfois qu'il exite des forces d'une aute nature que celles que connaissent les physiciens... Et si cela était ? Alors ces forces devraient, d'une façon ou d'une autre, dépendre de la distance de tel astre à nous, ou bien en être indépendantes. Si ces forces étaient indépendantes de la distance, l'influence des planètes du sytème solaire, proches mais peu nombreuses, serait largement dépassée, très largement même, par celle des myriades de planètes existant dans l'univers ailleurs que dans le système solaire. Si ces forces mystérieuses dépendent de la distance comme par exemple des forces des marées, alors l'effet de la Lune l'emportera sur celui de toutes les autres planètes, et celui du forceps du chirurgien sur celui de la Lune... Si elles dépendent de la distance comme les forces de gravitation et les forces électromagnétiques, alors le Soleil l'emporte sur toutes les planètes, proches et lointaines, et l'effet de Mars varie d'un facteur 25 entre ses deux positions extrêmes... Dans tous les cas la conclusion est la même : La vérité est QUE L'ASTROLOGIE PLANETAIRE N'A PAS PLUS DE VALEUR QUE L'ASTROLOGIE ZODIACALE ; ELLE NE SE NOURRIT QUE DE NOTRE CREDULITE et les calculs savants et prétentieux des astrologues n'ont pas plus de valeur que les horoscopes des journaux.

La logique de l'astrologie est donc une logique médiévale. Les analyses des astrologues défient d'ailleurs le sens commun... Qui croira que les milliers de victimes de tel tremblement de terre avaient les même horoscope ? Qui croira que les centaines de gens nés aujourd'hui entre 7 heures 12 minutes et 7 heures 13 minutes ont le même destin, les mêmes traits de caractère ? Et le moment d'une naissance n'est pas physiquement, défini à la minuté près ! Que de fois faudra-t-il le répéer ?... I n'y a pas aujourd'hui un astronome, pas un spécialiste des sciences exactes qui accorde à aucune des formes diverses de l'astrologie la moindre valeur. Nous en avons vu quelques-unes des raisons. Il n'y a pas non plus un théologien catholique qui leur accorde crédit : ne constituent-elles pas des désaveux flagrants, dans leur idée même, de la conception du "libre-arbitre" ? L'homme est libre, de bien ou de mal agir, et Dieu reconnaîtra les siens !

La crédulité des clients des astrologues est grande, cependant. Si elle trouve quelque aliment dans ce que les médias nous proposent, ce n'est pas pour des raisons scientifiques ou religieuses, qui feraient plutôt regarder dans une autre direction. C'est essentiellement parce que derrière l'astrologie, des intérêts financiers considérables, et des lobbys puissants, sont en jeu. Le chiffre d'affaire des astrologues en France est plus important que celui des astronomes... Et pour faire avaler ce message trompeur, quoi de mieux que de la noyer sous un fatras pseudo-scientifique ? Le lecteur ou l'auditeur moyen ne sait pas faire facilement la différence entre le vocabulaire abscons de l'astrologie, et celui de l'astronomie : il faut pouvoir aller au fond des problèmes évoqués ; c'est ce que nous avons essayé de faire dans cette rapide mise au point.

Le Soleil luit ; certes, sa lumière et sa chaleur, voire les jets de particules qu'il nous envoie conditionnent toute vie sur Terre ; les gens nés dans des pays froids vivent autrement que les habitants des tropiques... Cela est vrai. Mais c'est la seule façon, très collective, dont nous sommes influencés par les astres. Nos destins individuels, nos comportements sont façonnés par nos gènes, notre milieu familial, notre éducation, notre milieu socio-professionnel.

Tout le reste n'est que fariboles, poudre aux yeux, appât d'un gain facile, ou simplement stupidité et ignorance. L'ASTROLOGIE N'A AUCUNE VALEUR.

Jean-Claude PECKER

 

Il était temps qu'un scientifique aussi reconnu et il n'y en a guère de plus prestigieux que notre ami Jean-Claude PECKER, dénonce la douce plaisanterie qu'est l'astrologie. Il nous faut ajouter que si certains y font florès, comme Elisabeth TESSIER qui n'a aucune honte de continuer à s'enrichir alors que ses prédictions ne se sont pas réalisées, certains, comme Françoise HARDY, s'y adonne en tout désintéressement mais, hélas, en y gaspillant leur intelligence.

Il est un domaine où la naïveté et l'illusion n'est pas de mise car il s'agit d'un abus de confiance délibéré ; nous évoquons naturellement la voyance.

On est même allé au-delà de l'imposture avec ces quelques voyants créant un "Institut de l'Art Divinatoire" dont ce seul titre provoquerait l'hilarité mais en présentant écarter de leur profession ceux qui ne l'exerceraient pas sérieusement, c'est-à-dire selon leurs propres codes, comme si tous les voyants, ceux-là les premiers, n'étaient pas des charlatans...

Il est temps que le C.S.A., qui, pour sortir de sa somnolence, lance parfois des mises en garde rarement suivies d'effet, mette un terme à l'envahissement de ces escrocs sur la bande FM. Il faut mettre hors de nuire ces imposteurs qui troublent des esprits faibles se livrant à eux pour de faux espoirs ou des inquiétudes sans fondement. Le C.S.A. a d'ailleurs les moyens de disposer des preuves de cette manipulation scandaleuse des esprits. Les voyants donnent le plus souvent des prédictions à bref, moyen et long terme. Que le C.S.A. fasse appeler ces voyants par des correspondants qui ne soient pas des compères et il constatera que, dans un mois puis dans trois mois, la situation de ces correspondants ne sera en rien conforme aux prédictions de ces escrocs.

LES CAHIERS DE LA QUINZAINE

 

 

 

 

 

POUR LA RADIO

 

 

D'ici peu, quand les écrans d'ordinateurs auront la dimension des écrans de télévision, ce qui ne saurait tarder, les chaînes de télé ne seront plus qu'un site parmi des milliers d'autres.

Elle est devenue si peu imaginative et si peu enrichissante que nous ne perdrons pas grand chose.

La Radio deviendra une compagne nécessaire et irremplaçable.

Il est étrange qu'il existe de très nombreux magazines de télévision et aucun consacré à la radio. Nous allons donc ouvrir un blog sur lequel nous annoncerons les émissions nous apparaîssant les plus dignes d'attention et nous favoriserons une critique pluraliste.

Nous réparerons l'injustice actuelle qui autorise MEDIAMETRIE à confondre, dans ses sondages d'audience, des stations dont chaque heure constitue un moment de création et les stations qui se bornent à placer un animateur ou une bande dont la vulgarité constitue le point de rencontre avec une pile de CD pendant trois ou quatre heures.

Il convient également d'aider les stations dites communautaires à élargir leur audience car il est utile de faire en sorte que les points de vue juifs, chrétiens, musulmans, rationalistes soient connus au-delà de leurs cercles militants.

Nous rappelons notre adresse : Nouveaux Mondes - B.P. 46 - 93163 Noisy le Grand Cédex.

 

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24 juin 2013

JUILLET EN HIVER par Denis CLAIR Juillet , mois

JUILLET EN HIVER

par Denis CLAIR

 

 

 

Juillet , mois des groseilles et des Jules, du périgée lunaire et de l'anniversaire de la prise de la Bastille; mois de Saint Macaire, de Saint Pantaléon, de Saint Léonin, de Saint Prosper d'Alexandrie, de Saint Calais !...

Ce dernier, dont on ne retrouve nulle trace dans le calendrier des prénoms républicains, ni ailleurs, était crédité par nos pères de prouesses météorologiques qu'il semble préférable d'ignorer:

"Pluie de la Saint Calais amène

Va durer au moins six semaines..."

A quelle date a donc pu tomber, cette année, la fête de ce rival de Saint Médard placé , tout come son modèle, à la bonde des pluies, à la fourche des foudres? Elle a certainement dû passer, avec le gros de la troupe, dans le générique de cet été révolutionnaire bizarre, car nous ne constatons aucune amélioration dans la répartition qui nous est essentielle à chacun: celle de notre part de soleil ! A ce sujet, nous ne sommes guère en accord avec les petits ricaneurs qui croient que parler de la pluie et du beau temps confine à la débilité. C'est important, la pluie et le beau temps ! Quand deux individus se croisent, que le premier dit "Beau temps, aujourd'hui?..." l'autre fait : "les vents sont d'ouest. Je ne sais pas si ça va durer". Ces deux-là ont une conversation sérieuse. Ils parlent de l'essentiel. Dire qu'il fera beau, c'est engager déjà l'existence des plantes, des récoltes, de mille petits animaux qui risquent leur premier bond, leur premier coup de dents ou d'aîles. Répondre pour tous les envols, tous les fruits; toutes les errances.

Le territoire des bêtes, comme chez les hommes, seuls les forts se hasardent en forêt...

 

L'été persiste donc à passer, plein de fureurs. Certains feuillages des frênes, des chênes, des pommiers, des bouleaux, commencent à se piquer. Par contre, le cycle des oiseaux est sans faille. Le cycle des insectes aussi, favorisés par les chaleurs humides. En attendant les récoltes de légumes et de fruits, les paniers s'entassent sous les hangars... Il fait un temps de plantes; la somnolence verte n'est pas loin de s'emparer des campagnes...

 

Je vous avoue que j'ai batifolé, gagné du temps, pris le chemin des écoliers, évoqué la pluie et le beau temps, évoqué un ciel de printemps déjà oublié avant que d'évoquer une actualité si complexe que je redoute déjà de l'aborder tant elle est délicate, sulfureuse et que je préfèrerais m'entretenir de vive voix avec quelques amis en mesure de me ramener à la raison.

Car je mesure les risques que je prends. En effet ceux qui osent s'en prendre à un puissant savent qu'ils seront soutenus par ses adversaires déjà déclarés. Si je m'en prends aux uns et aux autres, sans autorité, sans avoir de leçons à donner, je vais me mettre à dos toutes les écuries confortables.

 

Nous sommes le 24 juin 2013. Depuis quelques jours nous avons notamment appris que "Médiapart" dont les informations n'ont jamais été contestées, détient la preuve que le Colonel KHADAFI a financé la campagne de Nicolas SARKOZY et lui a même accordé d'autres largesses.

Les archives disposent d'images montrant SARKOZY accueillant avec éclat le Colonel et veillant à ce que sa tente soit installée dans les meilleures conditions à deux pas de l'Elysée.

Depuis ce jour et jusqu'à sa mort, Khadafi n'a rien fait de plus que ce dont on pouvait l'accuser jusque là. Il n'en fut pas moins abattu dans des conditions atroces, sous les acclamations de Bernard-Henri LEVY, le Président SARKOZY se louant ensuite d'avoir mis fin à un dictateur. Les mauvais esprits en ont donc conclu qu'il provoqua ce carnage pour ne plus avoir à redouter l'auteur et le témoin de ses largesses.

Voici ce que j'apprends comme peuvent l'apprendre tous mes compatriotes. Je souhaite sincèrement avoir accès à une information réfutant cette relation des faits.

 

Je sais gré au Président de la République et au Premier-Ministre de m'avoir récemment exprimé leur sympathie. Elle ne saurait pour autant altérée ma sincérité et ma boulimie d'objectivité. Je dois ainsi constater qu'une année d'exercice du nouveau pouvoir ne correspond guère à ses promesses électorales.

François HOLLANDE a prononcé une interminable homélie pour l'inauguration d'une conférence nationale réunissant les partenaires sociaux mais il devait bien savoir qu'elle était sans issue, y participant des responsables syndicaux patronaux et de salariés représentant des intérêts très particuliers et n'ayant aucune intention de faire la moindre concession pour ne pas mécontenter leurs mandants.

En politique étrangère, nos gouvernants ont adopté une position farouche : il faut, par tous les moyens, éliminer BACHAR, le Président de Syrie. Je n'ai aucune sympathie pour lui pas plus que pour un autre dictateur. Mais dans certaines régions ils sont si nombreux qu'il convient finalement de discerner le moins redoutable. Or une station de radio à l'audience importante, qui émet dans toute l'Ile-de-France et dans cinq ou six grandes villes dont Marseille, exprimant un Islam modéré, tolérant et pacifique, affirme, après enquête, que ceux qui s'opposent à BACHAR sont des tyrans interprêtant le Coran à leur manière, coupant des mains, lapidant des femmes et faisant de la Mecque une exploitation financière délibérée. Cela surtout à l'initiative de l'Arabie Saoudite et du Qatar.

C'est pourtant au Qatar que s'est précipité François HOLLANDE en se faisant le courtier des entreprises d'armement. Voici l'appel que, sous le titre "Pour que la France ne cesse de se déshonorer" j'avais publié en 1988 avec les signatures chaleureuses de Marcelle AUCLAIR, Suzanne FLON, le pasteur Charles WESTPHAL, Pierre EMMANUEL de l'Académie française, Jean ROSTAND, de l'Académie française, Théodore MONOD, de l'Institut, le docteur Paul CHAUCHARD, Bernard CLAVEL, Roger IKOR, André PIEYRE DE MANDIARGUES, Jean GRANDMOUGIN, Jean-Marc TENNBERG :

"Les soussignés se félicitent de la récente protestation de quatre Prix Nobel contre la course aux armements au Proche-Orient qui, à l'évidence, attise le conflit après que des armes françaises aient prolongé la guerre civile du Biafra. Mais ils considèrent que ce refus des exportations meurtrières doit être étendu à tous les pays et pour toutes les armes. Il leur apparaît immoral, scandaleux et inacceptable qu'en leur nom comme au nom de tous les Français le gouvernement ou ses offices plus ou moins clandestins vendent aujourd'hui autant d'armes que de blé et que ce négoce mercantile s'établisse et se développe impunément, sans consultation des citoyens, sans contrôle et sans que la nation ou ses représentants sache qui en tire les bénéfices.

De plus, ces armes vont souvent à des pays qui voient l'autoritarisme ou l'incompétence de leurs dirigeants favorisé au détriment de leurs peuples qui auraient davantage besoin de dignité, de nourriture, de travail et d'aide sanitaire, sociale et culturelle."

 

Je redis combien j'admire ceux qui ont donné leur vie pour leur patrie et ceux qui sont prêts à le faire. Encore faut-il déterminer précisément qui, aujourd'hui, est notre ennemi potentiel. A l'évidence, c'est le terrorisme et il s'avère que le Qatar est un de ses grands argentiers. BACHAR utiliserait des gaz toxiques et il convient de le condamner fermenent. Mais est-il plus convenable d'envoyer des balles pour fracasser des crânes. A ceux qui sont engagés dans une guerre, demande-t-on autre chose que de tuer le plus grand nombre possible d'adversaires ? On nous a suffisamment fait le coup "armes de destruction massive". Georges BUSH a fait des dizaines de milliers de morts pour éliminer Sadam HUSSEN sous prétexte qu'il utilisait de tels engins de mort alors qu'on c'est aperçu, après ce carnage, qu'il n'y en avait pas. Aujourd'hui nous sommes très fiers d'entretenir une bomble nucléaire mais interdisons à d'autres pays d'en avoir, pour ce qui nous concerne n'ayant aucune honte d'affirmer qu'elle permet à la France "d'occuper sa place dans le monde" alors que nous sommes à la merci de l'Allemagne qui n'en a pas.

Nous publierons bientôt, dans quelques pages, le texte inédit que m'a laissé Jean ROSTAND et si, après cette lecture, des compatriotes restent fiers de bénéficier de la bombe atomique, c'est qu'ils auront le coeur bien accroché.

22 juin 2013

EXCLUSIF COLONISATEURS ET COLONISES par Eugène

EXCLUSIF

 

COLONISATEURS

ET COLONISES

                                                    par Eugène IONESCO

 

 

IONESCO, un des auteurs dramatiques les plus joués dans le monde, était un ami fidèle de Denis CLAIR.

Voici le texte inédit qu'il lui avait offert et que nous sommes heureux de publier.

 

 

 

NOUS SOMMES TOUS, COMME NOTRE AMI Albert Memmi, les ennemis des colonisations. Nous savons tous évidemment ce que c'est que la colonisation: au niveau le plus simple, c'est l'exploitation d'une nation ou d'un groupe de nations par une autre nation. Il s'agit là d'une exploitation économique. Il y a aussi colonisations - et celles-ci sont plus subtiles - lorsque des nations imposent par la force ou par la conversion, par la tyrannie ou par la séduction: une langue, une religion, une spiritualité, bref une culture quelconque.

Ici, les problèmes sont un peu complexes. En effet, il arrive que des colonisés colonisent à leur façon les colonisateurs. Je peux donner l'exemple le plus courant qui est l'imprégnation de la musique américaine par la musique noire.

On pourrait citer aussi l'influence de l'Art Nègre, dit <<primitif>>, sur les peintres et les sculpteurs les plus modernes. La renaissance des cultures archaïques à l'intérieur des cultures contemporaines et grâces aux cultures contemporaines. Et puis, si la conversion est vraiment et toujours colonisation, il y a là beaucoup à dire, redire, à discuter. Pour ma part, j'aurais bien voulu être <<colonisé>> par certaines métaphysiques de l'Extrême-Orient.

Je suis chrétien mais je n'ai pas été, je ne suis encore loin d'être conquis par le Hassidisme et la conquête est aussi, bien entendu, une colonisation.

Pour ce qui est des nouvelles indépendances nationales du 3e et 4e monde,que faut-il penser? Elles sont d'abord conquises elles-mêmes à l'idée d'indépendance nationale et de nation,qui sont des notions occidentales.

C'est au moment où l'Orient semble conquérir non seulement une énorme indépendance natioanle au point de vue spatial mais où il devient même comme le Viet-Nam ou la Chine impérialiste, ou peut-être sur le point de le devenir, que cet Orient semble non pas décolonisé mais par exemple aussi extrêmement colonisé par la culture marxiste , qui est une culture européenne, à tel point que l'on a l'impression que c'est la véritable colonisation européene qui commence, chez eux, maintenant.

On peut penser sérieusement que, depuis le début de l'histoire, les peuples ne font que se coloniser, se décoloniser, se recoloniser les unes les autres, se conquérir,se libérer, les uns les autres.

 

 

17 juin 2013

L'ETE DE TOUS LES DANGERS J'ai pris un grand

L'ETE DE TOUS LES DANGERS

 

J'ai pris un grand risque en laissant affirmer que quiconque, sous sa signature, donc sa responsabilité personnelle, peut exposer ici son point de vue, aussi peu conformiste qu'il soit et que le garant de ce pluralisme, responsable du blog, votre serviteur, devait se garder de toute prise de position susceptible d'être interprêtée comme engageant tous nos collaborateurs.

 

Je boue pourtant d'impatience pour exposer ce que l'actualité politique m'inspire et qui m'incite guère à l'observer passivement.

Je vais cependant tenter d'y pourvoir.

 

Nous voici, en France, après le premier tour des élections de Villeneuve-Sur-Lot, avec trois forces politiques se partageant l'électorat : le P.S., l'U.M.P et le F.N.

 

Les deux premiers sont affligés d'un vice fondamental : le P.S. ne parvient pas à présenter un programme cohérent, se bornant à dénoncer les fautes de ses prédécesseurs.

 

l'U.M.P. n'en finit pas avec sa guerre des chefs. Hier encore, sur

FRANCE 2, François BAROIN accusait le Président de son parti d'avoir commis une "faute inexcusable" en s'auto-proclamant à cette fonction majeure.

 

Dans ce combat, titanesque ou ridicule selon l'optique des observateurs, l'U.M.P. a beaucoup plus de chance car voici un bon moment qu'elle se borne à se réclamer de la Droite ce qui suffit à emporter l'adhésion de ses adhérents et sympatisants.

 

Le P.S. est soumis aux fluctuations de François HOLLANDE. Celui-ci est naturellement dans une situation inconfortable avec des sondages révélant régulièrement son manque de popularité. Son honnêteté profonde, sa bonne volonté évidente doivent l'incité à révéler ses intentions avec précision. Est-il toujours socialiste et favorise-t-il, avec l'aide de son parti, l'avenir d'une société socialiste, ou est-il seulement un chef d'état se refusant de se prononcer pour être admis et pour représenter l'ensemble de ses concitoyens ?

 

Les Verts devraient cesser de jouer les vers luisant, lumineux et fanfarons la nuit pour profiter des avantages acquis avec deux ministères et un groupe à l'Assemblée Nationale, le jour déployant leurs efforts pour torpiller ceux qui leur ont accordé ces faveurs.

 

Le Front de Gauche assure une supériorité : il ne louvoie pas et n'hésite plus à jouer les opposants.

C'est dire que la majorité politique devient chancelante.

 

Il va devenir impossible de se dire démocrate et de refuser au Front National une présence parlementaire conforme à ses succès électoraux. Mais il convient d'exiger que sa présidente déclare si elle a renoncé à des slogans pas si lointains, notamment celui qui redoutait l'envahissement d'immigrés nous accablant d'une vague de Mohammed MEHRA.

 

En vérité le plus inquiétant n'est pas encore dans ce qui précède. Il est dans le fait que nous avons maintenant deux catégories de Français : ceux qui s'agitent et qui décident et ceux qui, n'y comprenant pas goutte, doivent subir.

 

Si la Ministre de la Culture et de la Communication a la moindre autorité, elle devrait demander à FRANCE TELEVISIONS de consacrer une soirée de grande écoute pour une information sérieus et contradictoire mais courtoise permettant de répondre aux questions que tous les citoyens se posent :

 

- qu'avons-nous à donner et à attendre de l'Europe ?

- cette Dette dont le nom seul est repris vingt fois par jour, quelle est-elle vraiment, qui a pu la perpétrer ? Qui doit la combler et pourquoi ?

- la France est la cinquième puissance économique du monde. Quel est aujourd'hui son potentiel ? Comment le partager équitablement ?

- quelles sont les propositions élaborées à propos des retraites ?

- que signifient exactement les mots rigueur, sacrifice, économies quand on les emploie ? Qui doit en être victime et pourquoi ? 70 % des décisions concernant la France sont prises ou acceptées par la Commission Européenne. A la suite de quel accord ? et quel est le point de vue de ceux qui réclament une rupture ou une révision profonde des relations entre les responsables français et européens ?

- qu'est-ce que le protectionnisme dont le nom vient constamment aux oreilles de notre peuple sans qu'il en perçoive le sens ?

Je doute que nous puissions nous déclarer plus longtemps adeptent de la Démocratie si ceux à qui nous avons accordé notre confiance par un bulletin de vote ne consentent pas à établir au moins un dialogue avec notre peuple et, pour cela, en réservant l'ésothérisme pour leurs dîners mondains.

 

Au plan international pourrait survenir une amorce de dialogue avec l'Iran à la suite de ses élections présidentielles. Il faut en finir avec ce maniquéisme délétère faisant que si on est un ami d'Israël, on doit être ennemi de l'Iran ou que, si on accorde quelque intérêt à la vie Iranienne on est contre Israël.

 

L'Ouganda rend la vie impossible et souvent cruelle aux homosexuels.

Pour la défense des homosexuels j'ai suffisamment donné comme on le constatera dans les pages précédentes.

Mais je dois regretter qu'on en fasse maintenant un peu trop.

On ne doit ni se repentir, ni se vanter ou louer d'être homosexuel. Et en toutes choses on ne doit juger quiconque pour ce qu'il est mais pour ce qu'il fait. Mais certains porte-parole de groupements d'homosexuels en font des tonnes et finissent par laisser entendre que la norme est l'amour entre personnes du même sexe. Ceux-là risquent de provoquer des réactions désagréables alors que l'homosexualité ne représente une minorité de citoyens et qu'il n'y a pas lieu de provoquer ou de blesser ceux qui considèrent que la famille traditionnelle avec père, mère et enfant a été jusqu'ici la base si ce n'est de notre tradition, du moins de notre manière de bien vivre ensemble.

Denis

 

 

 

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